Bien plus tard, j'appris que le nitre est utilisé pour la momification des morts, à la multitude desquels s'ajoutent ceux des vivants ayant séjourné trop longtemps là où il se mêle au sel comme en cette étendue que je traversai de nuit, me terrant le jour sous un rocher.
(...)
Sur l'ordre d'Acepsime je dénouai cette corde en fibres de palmier, fine et rugueuse, profondément incrustée dans la chair de Syméon qui poursuivit son oraison sans se préoccuper de qui advenait dans le monde, ce monde voué à disparaître et dont faisaient partie son corps, mes mains, la brique, le puits, la souffrance, la faim, la soif, Acepsime, Ellade, moi, les paroles qui nous lui adressâmes et celle que nous renonçâmes à adresser.
Joël Baqué, L'Arbre d'obéissance, P.O.L., 2019.