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[Critique série] THE BOYS – Saison 1

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] THE BOYS – Saison 1

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Titre original : The Boys

Note:
★
★
★
★
☆

Origine : États-Unis

Créateur : Eric Kripke

Réalisateurs : Dan Trachtenberg, Matt Shakman, Phil Sgriccia, Fred Toye, Stefan Schwartz, Jennifer Phang, Dan Attias, Eric Kripke.

Distribution : Karl Urban, Jack Quaid, Antony Starr, Erin Moriarty, Elisabeth Shue, Dominique McElligott, Jessie T. Usher, Laz Alonso, Chace Crawford, Tomer Kapon, Karen Fukuhara, Nathan Mitchell…

Genre : Science-Fiction/Action/Comédie/Drame/Adaptation

Diffusion en France : Amazon Prime

Nombre d’épisodes : 8

Le Pitch :

Tout le monde aime les super-héros. Surtout les membres des Sept, un groupe particulièrement populaire, spécialisé dans les exploits de toutes sortes et autres sauvetages de civils en péril. Partout sur la planète, les super-héros font partie du paysage et ne cessent de veiller à entretenir une paix dont ils sont les artisans. Le jour où l’un d’entre eux tue accidentellement une jeune femme, la donne change. Pour Hughie tout particulièrement, le petit-amie de la victime. Autrefois lui aussi impressionné par les super-héros, il cherche désormais à comprendre comment un tel drame a pu arriver. C’est alors qu’il rencontre Billy Butcher, un homme dur et désabusé qui va lui faire découvrir l’envers du décors. Car en réalité, les super-héros ne sont pas les personnages irréprochables qu’ils prétendent être. Ce serait même plutôt l’inverse. Souvent complètement déphasés, obsédés, drogués, violents et cruels, ils tirent les ficelles dans l’ombre dans le seul but d’entretenir une image publique savamment étudiée. C’est également ce que ne va pas tarder à découvrir Annie, la nouvelle recrue des Sept. Une jeune femme animée des meilleures intentions, prête à mettre ses pouvoirs au service du bien…

La Critique de la saison 1 de The Boys :

Déjà derrière la série Preacher, adaptée elle aussi d’un comic book de Garth Ennis, Seth Rogen et Evan Godberg reviennent à la charge alors justement que Preacher s’apprête à tirer sa révérence, avec The Boys. Série pilotée par Eric Kripke, soit le créateur de la série Supernatural. Dans The Boys où les super-héros sont globalement des grosses pourritures tout juste bonnes à se faire lustrer l’ego alors que quand les regards se détournent, ces mêmes icônes adulées par le public, se complaisent dans la violence extrême et le vice. En voilà un pitch qui promet ! Surtout à l’heure actuelle où les sups n’en finissent plus de s’imposer dans les cinémas, propulsés par les deux géants Marvel et DC. Avec ses super-héros déviants, The Boys avait donc tout pour s’imposer telle une alternative adulte et irrévérencieuse. Le comics étant à lui seul un modèle de jusqu’au-boutisme trash sans foi ni loi. La série va-t-elle aussi loin ? Non pas tout à fait mais rassurez-vous car elle pousse tout de même suffisamment de compteurs dans le rouge pour convaincre dans sa globalité.

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Trash raisonnable

Si on reconnaît d’emblée le style de la BD de Garth Ennis et Darick Robertson, comme avec Preacher, on apprécie tout aussi rapidement la tendance de The Boys à ne pas systématiquement sombrer dans l’excès. Comme Preacher justement, qui part un peu dans tous les sens. Le prototype de la série sale gosse en somme, dont l’objectif semble être avant toute chose, de choquer et d’absolument se positionner à contre-courant. The Boys nourrit également quelques penchants sale gosse mais sait aussi maintenir un équilibre appréciable, favorable à l’émergence d’une émotion salvatrice. Notamment à travers le personnage de Hughie, très bien écrit et subtilement interprété par Jack Quaid (le fils de Dennis) et celui de Annie/Starlight, dont la naïveté et l’innocence font aussi beaucoup pour le discours que la série tente d’incarner huit épisodes durant. Et puis au fond, même un personnage comme Butcher, incarné par le buriné Karl Urban, s’ouvre aussi de temps en temps, et ne se limite donc pas à des punchlines agressives et à des coups de sang propices à des déferlements gore. La preuve peut-être de l’influence d’un showrunner conscient que pour être correctement adapté, le comics devait subir quelques menus changements, au niveau de sa tonalité notamment, afin de mieux cadrer avec le format TV et ainsi taper fort sans non plus exploser en plein vol.

Du coup, oui, The Boys est très violente, souvent gore et de manière générale, impertinente, mais elle n’a pas peur pour autant de laisser exprimer une certaine sensibilité. Comme quand le personnage du Protecteur, incarné par un génial Antony Starrr (Banshee), commence à se craqueler de l’intérieur pour nous laisser voir à travers ses failles ce que cache son armure aux couleurs de la bannière étoilée.

America Fuck Yeah !

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Spectaculaire, faisant souffler un vent d’impertinence bienvenue sur le genre super-héroïque, surprenante et visuellement aboutie, The Boys se fait aussi le vecteur d’un discours actuel sur l’état du monde et de l’Amérique. La série qui parle aussi de nos cyber habitudes en disséquant sans se priver de faire des commentaires bien critiques, notre rapport aux réseaux sociaux. Les super-héros de la série étant de vraies bêtes à likes, dont les actes servent surtout à nourrir une machine à fric en apparence inarrêtable. Difficile de ne pas faire le lien avec les influenceurs qui aujourd’hui, font la pluie et le beau temps sur Instagram, Facebook et Twitter. La différence étant que les influenceurs, eux, n’ont aucun super-pouvoirs si ce n’est celui de montrer leur tronche pour donner leur avis sur tout et n’importe quoi en espérant emporter le plus de monde possible dans leur sillage. Il y a aussi, vers la fin de la saison, cette réflexion bien sentie sur la génétique et notamment ces pratiques aujourd’hui de plus en plus courantes qui consistent à se rendre dans des pays étrangers pour choisir le sexe de son enfant avant même que celui-ci ne soit conçu (en attendant de pouvoir également choisir la couleur des yeux, de la peau, des cheveux…). Mine de rien, sous ses aspects de série pour blasés des blockbusters Marvel, The Boys en dit plus sur notre monde et nos travers que bien d’autres, qui s’auto-proclament pourtant telles des satires.

Et si The Boys, malgré une tendance à un peu trop se regarder le nombril et quelques menus défauts narratifs et autres facilités, touche souvent sa cible, c’est qu’elle fait montre d’une compréhension accrue de ses enjeux vis à vis du contexte dans lequel elle s’inscrit. En gros, on peut dire que c’est beaucoup plus profond que prévu et c’est donc un excellente chose !

En Bref…

Non dénuée de menus défauts, inhérents à certains problèmes d’écriture et à une rythmique un poil inégale, la première saison de The Boys reste néanmoins de très bonne facture. Un show enlevé, impertinent, souvent gore et surtout juste, qui envoie valser bon nombre de clichés pour réinventer tout un pan de la culture pop sans se priver de souligner avec une certaine jubilation notre rapport aux réseaux sociaux et ce besoin de popularité en ligne. Une réussite qui on l’espère, débouchera sur un deuxième acte tout aussi enthousiasmant !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Amazon Prime

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