Ma rentrée littéraire
Et voilà qu'Isabelle Desquelles étonne encore, après son titre Je voudrais que la nuit me prenne, publié l'an dernier... Quel talent ! Encore une fois, cependant, je trouve que la couverture ne rend pas justice au contenu de ce roman dont il faut impérativement appréhender le potentiel douloureux avant ouverture. Ce livre, très fort, n'est pas pour tout le monde, il peut énormément déranger. Benjamin, huit ans, est en effet enlevé à Rome alors qu'il y séjourne pour des vacances en compagnie de sa mère et de son frère jumeau. Le voici sous la coupe d'un homme libidineux et pédophile, qu'il surnomme le Gargouilleur. Ce dernier le force à des actes sexuels, puis l'entraîne à kidnapper en sa compagnie d'autres enfants. Devenu adolescent, Benjamin arrive enfin à s'échapper, mais ne cherche pas à retrouver sa famille. Pourquoi ? Le voici bientôt en couple avec une femme plus âgée, la veuve blonde, mère d'une fillette, Marie. Mais les pensées de Benjamin vacillent. Il lutte férocement contre son attirance croissante pour le corps de nymphette de Marie. Va-t-il succomber, ou choisir de fuir encore ? En tant que lectrice j'ai été à ce moment là partagée entre dégoût et admiration, dégoût pour cette ambiance qui rappelle évidemment le Lolita de Nabokov (auteur d'ailleurs cité en fin d'ouvrage) et admiration pour le talent d'écriture d'Isabelle Desquelles qui sait ainsi admirablement disséquer tous l'éventail des émotions ambivalentes ressenties par Benjamin. Un procès se profile en cours de narration et l'auteure en profite pour nous mener encore une fois pas le bout du nez. Serait-ce sa marque de fabrique ? Si c'est le cas, j'en redemande sans soucis. Car malgré quelques scènes insoutenables et dures, Isabelle Desquelles sait nous faire tourner les pages, presque nous faire rêver, puis nous embrouiller et nous récupérer en fin de roman, sur un fil.
" C'est facile de voler un enfant. "Editions Belfond - 22 août 2019
J'ai aimé ce livre, un peu, beaucoup...
Une autre lecture chez... Sylire
Retrouvez pendant cette rentrée nos lectures communes sous#jelislarentreeavecsylire
Blogueuse littéraire depuis 2006 Voir tous les articles par Antigone