
On arrive ensuite à la bourre pour LE concert de la soirée. Celui que certains attendent depuis un an, depuis toute une vie même. Depuis le milieu d'après-midi, on croise partout des fans avec pour certains des tee-shirts et looks improbables. On n'est pas très loin du mauvais goût des admirateurs de Johnny. Quand on aime... Ils doivent tous être devant nous. On est assez éloigné de la scène. Robert Smith n'est qu'un microbe à l'horizon. Heureusement, il y a les écrans géants. On distingue mieux la coiffure loufoque du batteur Jason Cooper, comme une perruque posée à l'envers, la basse qui arrive aux genoux de Simon Gallup, la ressemblance du guitariste Porl Thompson avec Michael Jones, le comparse de JJ Goldman. Le son est étrange, est-ce la distance mais on a l'impression que quelqu'un joue avec le volume et ce sentiment perdurera jusqu'à la fin. Le point positif, c'est que, contrairement à la Route du Rock, nos voisins ont l'air sains d'esprit. Ils semblent être venus pour les mêmes raisons que nous : la musique. Après un début timide entamé avec les deux morceaux d'ouverture de "Disintegration" - le disque le plus joué de la soirée -, l'ambiance monte peu à peu. La chanteur des Cure n'est pas très bavard. Les titres s'enchaînent et comme les jeux de lumière, ils font de plus en plus d'effet. C'est une lente montée en puissance à laquelle on assiste, pour finir par un pseudo rappel constitué d'une série impressionnante de "tubes". Le public est aux anges, nous aussi. 2h15 de concert tout juste, ça pouvait paraître beaucoup à priori, surtout pour un festival. Ce fut trop peu, on aurait pu rester là deux heures supplémentaires. Facilement.
Après ça, on aurait pu partir, mais on voulait encore profiter du festival. Il ne restait que Kompromat, le duo électronique français qui chante en allemand. Ce n'est pas vraiment de la musique calme pour fin de soirée entre amis. Ce qui se joue là ressemble plus à une version sonore de la troisième guerre mondiale, toujours entre la France et l'Allemagne donc. Puissant est un euphémisme tellement on en prend rapidement plein les oreilles. Si on pouvait reprocher aux premiers groupes de l'après-midi d'être fades, difficile ici de faire le même constat. C'est comme leur nom l'indique, sans "Kompromat". Intéressant et percutant de prime abord mais assommant sur la longueur, malgré quelques morceaux d'anthologie comme "Niemand" qui, en live, déboîte sévère. On décide de partir tout de même avant la fin, ne me résolvant pas à mettre des boules Quiès. En résumé, journée plus que positive pour un festival qu'on croyait perdu pour le rock et qui relève admirablement bien la tête, même si on aurait juste pu arriver pour la soirée.