Ma rentrée littéraire
❤ Voici mon deuxième coup de coeur de cette rentrée littéraire. Un coup de coeur pas aussi évident qu’il peut le paraître. Car oui, effectivement, je connais Alexandra depuis une éternité, en tant que copine blogueuse, mais aussi organisatrice de l’atelier d’écriture auquel je participe régulièrement… J’étais donc très enthousiaste à l’idée de découvrir son premier roman. Et justement, ce n’est pas si facile de se laisser entraîner par une écriture quand on connaît si bien l’auteure… et je dois dire que recevoir ce titre, ce premier roman tellement attendu, a été l’objet d’une grande émotion. Dans cet état, je n’ai pas apprécié tout de suite ma lecture. J’ai dû en réalité m’arrêter à plusieurs reprises (je vous dis tout), car je faisais bien trop attention à la tournure des phrases, à ce que je reconnaissais des thèmes fétiches d’Alexandra (à ses tics de langage ?) pour me laisser prendre par l’histoire. Il y avait des oh et des ah, et des comment a-t-elle fait pour imaginer et décrire tout ça ? Il a donc fallu faire une pause, et j’en ai été bien mortifiée. J’ai repris son livre, une quinzaine de jours plus tard, et cette deuxième tentative a été la bonne… ouf ! J’ai oublié Alexandra pour m’intéresser enfin à Léna, son héroïne. Nous sommes en 1986, Léna vit avec ses parents à deux pas de la centrale, dans la ville de Pripiat. Lorsque la catastrophe survient à Tchernobyl, ses parents quittent la ville, la séparant d’Ivan, le jeune garçon dont elle est proche depuis toujours et dont elle a frôlé les lèvres pour la première fois il y a peu encore. Convaincue qu’il est mort, elle tente de refaire sa vie en France, en Normandie, comme ses parents le souhaitent. Mais un vide persiste en elle, qui va la poursuivre jusqu’à l’âge adulte, moment où elle décide de retourner sur les lieux de son enfance. La zone est depuis devenue un lieu touristique, malgré le danger des radiations. La nature a repris ses droits, et les ruines de Pripiat fascinent. Mais, plus que d’être un roman sur Tchernobyl, A crier dans les ruines nous parle du déracinement, de l’appel des origines, et du pouvoir des schémas familiaux. Ce qui va sauver Léna de la vie terne à laquelle elle se destine avec résignation, c’est sans conteste la littérature et la mythologie, les contes, la force des mots. La présence du personnage d’Antigone (Sophocle,) page 116, en est un exemple frappant, exemple qui ne pouvait m’échapper. Comme beaucoup de jeunes filles discrètes, aux parents taiseux, ou stricts, Léna se construit à travers ces figures de papier, fortes et émouvantes. Elle mettra pour autant du temps à se rendre compte qu’elle peut aussi agir et essayer de retrouver cette part amputée d’elle même qui lui manque depuis trop longtemps. Et c’est ce que j’ai aimé dans le roman d’Alexandra, toute la part onirique qui parcourt son texte, la présence de cette amie, Armelle, qui croit à la magie celte… la poésie qui regorge à chaque page. J’ai eu beaucoup d’admiration, tout au long de ma lecture, pour la qualité de son récit, sa force, les portraits complexes des personnages qu’elle nous permet de rencontrer, et la beauté des images qu’elle nous transmet. Si vous avez aimé lire Thomas Vinau par exemple, dans ce qu’il évoque poétiquement de la nature, ou imaginer la fin du monde dans le Trois fois la fin du monde de Sophie Divry (gros coup de coeur de l’an dernier), ce livre est fait pour vous, foncez !
Aux Forges de Vulcain – 23 août 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…