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Café au soleil

Publié le 28 août 2019 par Paulo Lobo
Café au soleil
Cela commence par une certitude pleine, cette clarté qui nous englobe en juillet quand on est dans une rue de Lisbonne le matin au soleil. On se soûle de l'instant, les minutes ondulent dans l'air, l'ombre est dense et la lumière éclatante, on est ébloui par tant d'indicatif présent, tant de matière qui se prélasse et tant d'esprit devenu conte.
Autour de nous, le monde tourne. Les acteurs sont maîtres de leur jeu, ils n'ont aucune hésitation, le metteur en scène les dirige de mains de maître, les dialogues sont écrits au scalpel, les lumières, les costumes, tout est réglé dans le moindre détail, le récit peut lever l'ancre et prendre la mer.
Mon voyage n’était pas photographique, mon voyage était sensoriel. Une traversée des impressions et des émotions suscitées par les couleurs, les formes, les mouvements.Il ne s'agissait pas de me retrouver. (Se retrouver soi-même, la belle escroquerie.)Je ne me suis pas perdu en chemin. J'ai seulement oublié ma destination. J'ai voulu m'interroger sur le sens de mes pas, les images jaillissant dans les rues, les êtres croisés sans le faire exprès. J'ai voulu fermer les yeux pour mieux regarder. Conscient de n'être qu'un filtre, je savais que j'étais aussi beaucoup plus que cela. Je suis un puits sans fond, sans fard, qui lézarde au soleil, un puits qui m'attire et dans lequel j'espère plonger les yeux fermés pour mieux me voir dedans. Qu'y a-t-il de l'autre côté du miroir? Pour le découvrir, je devrais briser la glace. Ou alors non. J'ai peur de sauter dans le vide. J'ai peur d'un univers qui ne serait plus le mien. J'ai peur de connaître la vérité. Au fond de moi, je suis un lâche-vitrine, je préfère l'image en surface à la révélation du trompe-l'oeil. Je préfère ne rien savoir, et tout imaginer.

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