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J'ai envie de toi

Par Gjouin @GilbertJouin

J'ai envie de toiThéâtre Fontaine10, rue Pierre Fontaine75009 ParisTel : 01 48 74 74 40Métro : Blanche / Saint-Georges / Pigalle
Une pièce de Sébastien CastroMise en scène par José PaulDécors de Jean-Michel AdamCostumes de Juliette ChanaudLumières de Laurent BéalSon de Virgile Hilaire
Avec Sébastien Castro (Youssouf), Maud Le Guénédal (Sabine), Guillaume Clérice (Guillaume), Anne-Sophie Germanaz (Christelle), Astrid Roos (Julie), Alexandre Jérôme (Gaël)
Présentation : Il vous est sûrement arrivé de vous tromper de destinataire en envoyant un texto... 
Ce soir, c’est à Guillaume que ça arrive. Alors qu’il pense adresser “j’ai envie de toi” à Julie, sa nouvelle conquête, le texto est envoyé par erreur à Christelle, son ex… La soirée, bien mal partie, dérape définitivement quand son voisin s’invite chez lui après avoir abattu la cloison qui sépare les deux appartements.
Mon avis : On ne va pas ratiociner à l’infini : cette pièce a été écrite pour faire rire, uniquement pour faire rire. Et ce but est largement atteint.Pour avoir joué dans un grand nombre de (très bonnes) comédies, Sébastien Castro, qui signe avec J’ai envie de toi, sa première pièce, connaît parfaitement tous les ressorts et toutes les subtilités du genre.Tout part d’une affreuse erreur de manipulation. Au lieu d’adresser son texto à sa Julie, sa nouvelle conquête, une proposition on ne peut plus explicite, “J’ai envie de toi”, Guillaume l’envoie à Christelle, son ex, une jeune femme qu’il ne veut surtout plus revoir… Il faut dire à sa décharge qu’il ne se trouve pas à ce moment-là en pleine possession de tous ses moyens car il est un tantinet perturbé par un voisin fâcheusement intrusif. D’où cette malencontreuse précipitation.
Ce voisin, cet empêcheur de pianoter en rond sur son clavier, c’est Youssouf. Lorsqu’un énergumène de cet acabit fait irruption dans votre vie, c’est l’équivalent d’un tsunami qui vient balayer votre quotidien. Youssouf, c’est un peu le François Pignon du Dîner de con. Mais avec, en plus, une réelle dose de cynisme. C’est à dire que, tout en étant aussi gaffeur et interventionniste que le héros de Francis Weber, il se révèle également totalement dénué de scrupules. Cette double mentalité en fait un personnage à la fois imprévisible et redoutable. Omniprésent, Sébastien Castro s’en donne à coeur joie. Tout son registre, dont l’éventail est très, très large, y passe. Face à ses mimiques, à son timbre de voix “droopyesque” si particulier, sa gestuelle hésitante, ses regards tour à tour effarés ou entendus, ses silences aussi, la salle ne résiste pas. Plus les situations sont folles, plus les rires se mettent au diapason et deviennent fous à leur tour.J'ai envie de toi
Grâce à une mise en scène de José Paul nerveuse et millimétrée, J’ai envie de toi nous emporte comme un tourbillon. Le rythme, effréné, ne faiblit jamais. Les gags, les quiproquos, les malentendus, les imbroglios s’enchaînent. Les scènes entre Youssouf et Guillaume ont parfois un tel niveau de virtuosité absurde qu’elles en deviennent paroxystiques. Comique de répétition, humour parfois trash (je vous laisse découvrir à quels moments), situations improbables… L’appartement lui-même, avec sa fameuse cloison amovible, est un plus qu'un décor, c'est un élément de jeu à part entière. Il y a aussi une inénarrable trouvaille d’écriture avec le personnage de Gaël, l’homme qui ne finit jamais…
Sébastien Castro et José Paul ont su insuffler un authentique esprit de troupe. Chacun des six protagonistes de cette loufoquerie jubilatoire, joue sa partition avec précision et, surtout, avec le plus grand sérieux. Ce qui, pour une comédie, amplifie les effets comiques.J’avais derrière moi un ado d’une quinzaine d’années, dont les éclats de rire, frais et spontanés ajoutaient à mon amusement. Et dans la rangée devant, c’étaient deux jeunes filles, très complices, accompagnées de leurs parents, qui ne cessaient de se regarder, de se prendre à témoin, et de s’esclaffer en choeur. J’ai envie de toi est une comédie tous publics. Quel que soit son âge, on y trouve son compte. Et un conte à dormir debout même car cette pièce n’est qu’une formidable farce. C’est Feydeau qui aurait bouffé du lion… le lion de Tex Avery ! Il ne faut pas y chercher de crédibilité ; il faut laisser son cartésianisme au vestiaire, et se préparer à souffrir des zygomatiques tant ils vont être sollicités.Gilbert "Critikator" Jouin

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