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Le voile se déchire

Publié le 15 juillet 2008 par Eric Grémont

Le voile se déchire …

La reprise en main symbolique de Freddie Mac et Fannie Mac par un Paulson effaré souligne que la garantie implicite dont elles jouissaient depuis qu'elles avaient rejoint le secteur privé était belle et bien réelle.

Le voile se déchire …
La reprise en main symbolique de Freddie Mac et Fannie Mac par un Paulson effaré souligne que la garantie implicite dont elles jouissaient depuis qu'elles avaient rejoint le secteur privé était belle et bien réelle. Il en coûtera une fortune sans précédent au trésor public américain, 100, 500, 1000 milliards de dollars ? Au fond personne n'en sait rien, c'est la profondeur du krach immobilier qui fixera les chiffres. Là n'est pas le plus important.
Les questions qui suivent cette « nationalisation » partielle du crédit sont de deux ordres.
En garantissant des sociétés qui consomment autant de capital l'Etat fausse le jeux du marché et par ricochet il met en danger d'autre acteurs comme les sociétés de crédit à la consommation qui ont elles aussi besoin de fonds alors même qu'elles commencent à faire face à une explosion des défauts. Une baisse du coût du crédit pour Fannie et Freddie signifie mécaniquement une hausse du coût pour tout le monde. Comment ne pas comprendre que Lehman Brothers et d'autres souffrirons du rétrécissement du marché de la dette non garantie Que se passera-t-il si GMAC la filiale crédit de Général Motors fait faillite ? Faudra-t-il encore que le trésor signe des chèques pour permettre aux emprunteurs de ne pas payer le vrai prix de l'argent ? En d'autres termes l'Etat américain ne peut construire des barrages contre le pacifique, quelque action qu'il prenne il se retrouve confronté aux paramètres macro-économiques désastreux qu'il a laissé s'installer depuis 2001. A savoir des taux d'intérêts réels négatifs sur la majeure partie de la période qui ont entraîné successivement une bulle immobilière, une baisse du dollar et finalement une crise généralisée de liquidité. Les paramètres macro-économiques actuels doivent êtres considérés comme des paradigmes pour le moyen terme au moins. La crise du crédit doit aller jusqu'à son dénouement à savoir une hausse verticale du prix de l'argent, une baisse de la consommation d'au moins dix pourcent et un redressement du taux d'épargne du même ordre.
Mais il y a plus grave, à force de garantir tout et n'importe quoi c'est la signature de l'Etat américain qui va finir par être écornée. Celle de la banque centrale l'est déjà par la reprise de créances douteuses acceptées à l'occasion du « sauvetage » de Bear Stern. Si la signature US perd de son lustre qu'adviendra-t-il du dollar ? qui achètera les bons du trésor autrefois si convoités, l'Etat américain en viendra-t-il à demander à la banque centrale de racheter ses émissions ? Si un jour une telle chose devait advenir on saurait alors que l'Amérique est sortie de l'inflation chronique pour rentrer dans un cycle hyper inflationniste. Espérons que l'on en viendra jamais là, mais les chances, faibles, de voir un tel évènement se produire augmentent chaque jour au fur et à mesure que les élites américaines repoussent l'inévitable : une dépression longue et douloureuse qui viendra logiquement clôturer un cycle de 25 ans de crédit qui est depuis longtemps hors de tout contrôle. Le fantôme de Paul Volcker et de ses taux d'intérêts à deux chiffres plane de plus en plus lugubrement au dessus de l'économie US.

Auteurs: Eric Grémont


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