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La Traviata de Simon Stone à Bastille

Publié le 13 septembre 2019 par Popov
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Dans un monde résolument moderne, Violetta Valéry est une « influenceuse » en parfum chic(nouvelle forme du putanat publicitaire à l’ère du numérique)  qui fréquente des boxons relookés par David Lynch et dont on pénètre l’intimité en affichant ses découverts bancaires sur écran géant, écran sur lequel on peut lire aussi ses derniers « like » ,smileys ou emoticones. Elle fréquente des Venusberg peuplés de créatures customisées lubrique (genre nounours avec godemichet planté entre les deux yeux, catwomen ou catcheur mexicain etc.). Elle se prend en selfie en chimiothérapie. Dieu comme tout cela fait jeune !

Simon Stone l’est. Ce metteur en scène australien qui s’est illustré au théâtre en montant Les Trois sœurs un des plus beaux textes de Tchekhov dépoussière. Il use aussi d’une « tournette », axe essentiel du dispositif de son nouveau spectacle. La tournette, prodige technique sur la scène de Garnier- dévoile des tableaux à une fréquence élevée et multiplie les attentes comme autant de changements de décor. C’est excitant car tout peu arriver : une boîte de swingers, une place de Paris avec statue de Jeanne d’Arc ou quand Violetta se retire à la campagne, une synecdoque de derrière les fagots : une vraie vache posée au milieu de la scène. Depuis Moise et Aron de Schoenberg on sait que les bovidés inspirent les metteurs en scène d’avant-garde. Mais Lina, la vache de Stone reste moins impressionnante que le Easy rider(trois tonnes) de Castellucci.

On avait déjà connu des « Traviatrash » à l’opéra. Ou des versions plus …dix-neuvième comme celle trop bien élevée de Benoît Jacquot. Le mérite de la mise en scène de Stone outre le fait qu’elle épuise solistes chœurs et figurants à s’époumoner d’un tableau l’autre c’est qu’elle n’entrave en rien le drame verdien qui toujours se noue harmonieusement. La direction de Michelle Mariotti est précise et délicate. Les solistes programmés sont brillants Pretty Yende ou Zuzana Markova (pour Violetta) Benjamin Bernheim en Germont ... Le baryton martin Jean-François Lapointe a la tâche redoutable d’alterner avec Ludovic Tézier mais s’en sort remarquablement. Cette distribution équilibrée et cette mise en scène très décalée mettent au fond l’œuvre en valeur.


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