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Hors Normes, un "Nakache-Toledano" qui fait le pari du réalisme sur la question de l'autisme

Par Bottines

Le club 300 allociné m'a invitée hier soir à découvrir le nouveau film des inséparables Olivier Nakache et Eric Toledano, Hors Normes. Un long-métrage avec pour audacieuse thématique, le traitement des handicapés mentaux lourds. L'ambiance du film n'est clairement pas aussi légère que celle d'Intouchables. Ici, les réalisateurs ont filmé "vrai", avec de vrais autistes, une véritable équipe de jeunes en réinsertion, et dans les vrais locaux de l'association dont ils se sont inspirés. Sans être choquantes, certaines scènes de crises, (auto-mutilations, cris, casse etc), sont assez saisissantes de réalisme.

L'histoire racontée est celle de Bruno et Malik, deux hommes ayant décidé de se consacrer depuis 20 ans aux enfants et adolescents autistes lourds, dont personne ne veut s'occuper. Au sein de leurs associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour les encadrer. Mais l'association de Bruno n'a en réalité jamais reçu l'agrément et travaille donc en toute illégalité. Ce que ne vont pas s'empêcher de relever deux inspecteurs...

Mettre en lumière les autistes lourds, ceux qui de par leurs singularités embarrassent la société, sans trop édulcorer le propos ni le rendre larmoyant était un sacré pari. Ici impeccablement relevé. Comme les jeunes en réinsertion du film, on apprivoise ces enfants et adolescents bourrés de tocs, de rituels et murés dans le silence ou l'agressivité. Tantôt inquiets face à leurs réactions imprévisibles, tantôt amusés. Car c'est là que réside l'une des forces principales du film : malgré la dureté de certaines scènes, des notes d'humour vraiment bien senties viennent régulièrement nous cueillir, comme pour nous rassurer. Car face à ces troubles auxquels nous sommes peu souvent confrontés, nous avons nous aussi tôt fait de nous sentir... handicapés !

J'ai adoré le duo Reda Kateb/Vincent Cassel, très complice. Mais surtout le duo formé par le personnage de Vincent avec Joseph, un adolescent autiste. Un binôme tendre, attachant, et bien ancré dans des habitudes, que l'on imagine finalement aussi rassurantes pour l'un que pour l'autre. Tous les matins, Joseph tire le signal d'alarme du RER, et tous les matins Bruno court arranger la situation avec les membres de la sécurité. Tous les jours Joseph demande à Bruno s'il peut poser sa tête contre son épaule et regarder ses chaussettes. Tous les jours ou presque, Bruno déguste un gâteau à l'ananas concocté par la mère de Joseph et assure à tout le monde qu'il va "trouver une solution" aux problèmes qu'on lui expose.

Hors Normes, un "Nakache-Toledano" qui fait le pari du réalisme sur la question de l'autisme

J'ai aimé aussi les scènes de groupes, notamment les soirées jeux entre les jeunes en réinsertion et leurs formateurs, très vivantes et authentiques. Avec une mention spéciale pour le personnage de Dylan, un jeune nouvellement entré dans l'équipe d'éducateurs, qui va s'accrocher à son nouveau rôle malgré de nombreux coups durs. On peut voir à travers ce personnage ayant du mal à verbaliser ses ressentis, et à regarder une fille qui lui plaît dans les yeux, une sorte d'écho aux problématiques rencontrées par les autistes. Sa relation avec Valentin, l'autiste lourd dont il a la charge, n'en est que plus riche et intéressante.

Certaines scènes plus silencieuses où l'on admire les jeunes autistes jouir d'un moment de bien-être en dansant, buvant un coca ou caressant un cheval, sont aussi très belles. Ces petits moments de contemplation très émouvants nous prouvent qu' au terme de seulement 2h de film, notre regard sur ces jeunes est déjà bien différent.

Sortie le 23 octobre 2019
Durée : 1h54

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