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Analyse d’Amazon.com Inc (AMZN:NSQ)

Publié le 22 septembre 2019 par Chroom

Cela fait plusieurs semaines que j'essaie de trouver un titre américain, suisse ou français intéressant à vous soumettre, suite aux résultats du sondage. Néanmoins le marché est tellement délirant en ce moment que j'ai l'impression de chercher une aiguille dans une meule de foin. Donc je me suis dit que j'allais prendre les choses à l'envers : plutôt que de la jouer contrarian comme d'habitude, je vais faire le mouton en vous parlant de l'entreprise qui fait briller les yeux de pratiquement tous les investisseurs de la planète, Amazon. J'imagine que je n'ai pas besoin de vous la présenter, car elle est omniprésente et peut se targuer d'être la deuxième plus grosse entreprise mondiale en termes de capitalisation boursière, juste derrière Microsoft.

Alors, voyons ce que ça raconte...

Valorisation & dividende

Autant vous le dire tout de suite, Amazon est très chère, et je ne parle pas seulement du cours qui s'approche des 2'000 USD (qu'elle a déjà dépassés à quelques reprises). En effet, le géant américain du commerce en ligne se négocie à :

  • 90 fois les bénéfices récurrents courants
  • 300 fois les bénéfices récurrents moyens
  • 36 fois les actifs tangibles
  • 20.5 fois la valeur comptable
  • 3.84 fois les ventes
  • 51.7 fois le free cash flow courant
  • 107 fois le free cash flow moyen

C'est tellement énorme que ça en fait peur. L'EBIT et l'EBITDA représentent un misérable 1.38%, respectivement 1.43% de la valeur d'entreprise, ce qui confirme la valorisation stratosphérique d'AMZN.

Au niveau du dividende, c'est vite vu, il n'y en a pas. Les entreprises de croissance justifient souvent ceci par le fait qu'elles ont besoin de toutes les liquidités disponibles pour financer leur développement. On verra effectivement plus loin qu'Amazon semble obnubilée par ce point, au détriment des actionnaires.

On dit par ailleurs généralement que la qualité se paie et qu'il est normal de payer plus cher une entreprise qui bénéficie d'excellents fondamentaux. Voyons donc ce qu'il en est...

Bilan & résultat

Si l'entreprise ne paie pas de dividende, son bénéfice, ses réserves de cash et la valeur de ses actifs progressent de manière fulgurante depuis plusieurs années. Rien qu'entre 2017 et 2018 le bénéfice net a explosé de 232% ! Là, rien à redire, on paie de la croissance et on a exactement cela.

Avec de tels chiffres, et en l'absence de paiement de dividende, on pourrait s'attendre à trouver une entreprise qui bénéfice d'un coussin de liquidités confortable. Étonnamment pourtant le current ratio ne se monte qu'à 1.1 (en légère hausse) et le quick ratio à seulement 0.85. Il semble que le géant d'Internet soit particulièrement dépensier. Vu que les banques n'ont d'yeux que pour Jeff Bezos en ce moment, Amazon n'a aucune raison de faire des économies et tout la pousse donc à exploiter chaque cent disponible pour fuir encore plus en avant.

La marge brut est très bonne, avec 40.2% (en hausse), mais ceci ne se traduit pas aussi bien sur la marge nette qui n'est que de 4.26%. La rentabilité par contre est excellente, avec un ROE de 22.77%. Cet excellent résultat s'explique néanmoins du fait du réinvestissement massif d'Amazon dans son propre développement (au détriment des actionnaires), ainsi que par un recours à l'endettement assez étonnant pour une entreprise générant de tels bénéfices.

La dette représente en effet 1.13 fois les fonds propres et le taux d'endettement à long terme par rapport aux actifs se monte carrément à 24.46%. AMZN aurait besoin de six ans pour rembourser l'intégralité de sa dette, en ayant recours à son free cash flow moyen. Le recours à l'endettement représente par ailleurs un rendement annuel moyen négatif pour l'actionnaire de près de 1%. De plus, le nombre d'actions en circulation progresse régulièrement depuis plusieurs années, ce qui représente également un rendement annuel moyen négatif pour l'actionnaire de près de 1%.

Conclusion

On constate qu'Amazon utilise tous les moyens à sa disposition pour financer ses activités : chaque cent qu'elle génère, chaque action qu'elle peut émettre et chaque dollar qu'elle peut emprunter. Et évidemment elle ne donne surtout rien aux actionnaires. Au contraire ces derniers subissent un Shareholder Yield de -2% par an en moyenne à cause du recours à l'endettement et à l'émission d'actions.

On pourrait vouloir fermer les yeux en se disant finalement que le géant américain est devenu un incontournable et qu'il jouit d'une situation quasi monopolistique. Pourtant les chiffres contredisent cette image, car, à part une bonne marge brute et un goodwill en hausse, la réalité est assez décevante. La marge nette moyenne sur ces cinq dernières années n'est que de 2%, les frais généraux sont élevés, avec près de 58%, la dette est importante et les dépenses en capital sont très importantes (près de 300% du bénéfice). Bref, on est très loin de ce qu'on pourrait attendre d'une entreprise de qualité, pour laquelle il faut mettre un prix très élevé.

Ajoutons encore là-dessus que la volatilité du titre est très importante, avec 35%, sans compter un beta de 1.55. On n'ose pas imaginer ce que ça va donner quand le marché va corriger, surtout du niveau d'où part Amazon. Le cours a été multiplié par plus de cinq ces cinq dernières années, je ne serais pas étonné qu'il tombe encore plus bas que là où il était en 2014...


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