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Tunisie comme si !

Publié le 27 septembre 2019 par Le Journal De Personne
34 chômeurs sur 34 demandeurs : Je connais la Tunisie par cœur, et je reste persuadée que c'est l'un des rares pays où l'on cherche en même temps le whisky et l'argent du whisky pour échapper à je ne sais quel malheur...

Le petit tunisien demande à son père : " Ya baba, peux-tu me dire quand serons-nous devenus honnêtes ?" Mais Baba qui maîtrise le futur antérieur, lui répond : "Quand tous les vieux de la vieille auront rendu l'âme... ou seront morts, ce qui n'est pas pareil."

C'est un tout petit pays où le voisin et le cousin germain ne font qu'un... où tu peux te considérer comme le frère de celui à qui tu présentes ta sœur... un pays où l'on ne dort que d'un œil, où l'on reste éveillés rien que pour honorer son sens de l'accueil en vertu d'une règle non écrite qui stipule que tout étranger qui se présente à toi, représente un intérêt, qu'il faut sans cesse fructifier... car il n'y a pas d'autre moyen de se fortifier que de se reposer les uns sur les autres...

Le Tunisien ne fait pas la guerre, mais il veut sans cesse profiter du repos du guerrier... tirer les marrons du feu, mais seulement ceux qu'il n'a pas lui-même cultivé... Il ne sait pas qui tu es, mais il sait ce que c'est que le moment opportun pour se lier à toi d'amitié...Non, il n'est pas cupide mais seulement lucide, il sait que 1+1 ne font rien, sans l'appât du gain.

En Tunisie, on ne vote pas, on botte en touche pour sauver les apparences en sachant qu'on ne peut être sauvés que par les apparences... C'est authentique, c'est l'authenticité au carré : on ne fait pas semblant de faire semblant... on fait vraiment semblant de ne pas perdre le filon pour ne pas mordre à l'hameçon... car on sait qu'il n'y a pas de société sans jeu de société... Pour être poli, il faut apprendre à jouer au Monopoly et réaliser que rien ne se réalise sans un coup de dés... parce qu'à chacun selon son destin... Et pour qu'il soit favorable, on est parfois obligés de tricher... de jouer avec des dés pipés, de faire croire que l'on sait parce qu'on ne sait jamais avec quel pouvoir on va devoir traiter... celui des honnêtes gens ou celui des gens malhonnêtes... surtout qu'on a feint d'ignorer vis à vis de qui, on a contracté une dette... On vote pour ne pas la rembourser... car dans ce pays, rien n'est jamais acquis. Les écoles ne sont plus ouvertes à n'importe qui, mais les prisons, si. Depuis belle lurette, on ne sait plus qui est qui. On sait seulement qu'au mètre carré, c'est le pays qui consomme le plus de whisky, juste pour chasser l'ennui... avec un petit bouquet de jasmin et un mulet qui est toujours en train de griller avec bon soin... Omar Khayyâm se serait senti chez lui... et ressenti encore une fois qu'il n'y a de paradis que pour celui qui sait faire comme si... semblant de dire oui au pays, à la vie, à autrui... pour que la vie, le pays, autrui soient à ta merci... Pour que ce ne soit pas du temps perdu, il faut que ce soit gagné d'avance... Marbouha ou Marhouna... gagnée ou gagée, c'est la raison pour laquelle il faut s'engager...

Les élections en cours n'ont point d'autre intérêt que de permettre aux uns et aux autres de s'arranger ou d'éviter un mauvais arrangement, en sachant qu'il vaut mieux un local fermé, qu'un mauvais locataire ou qu'une mauvaise location.

On laisse la démocratie pour les bêtes farcies de vanité, qui n'ont toujours pas compris qu'ils ne sont que les dindons de la farce. En Tunisie, ce ne sera jamais le plus grand nombre... mais le plus sombre qui décide dans l'ombre : quel réacteur est susceptible de dispenser le plus de lumière... car point de cité sans électricité.

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