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Vladimir Maïakovski – Ainsi le veut l’usage

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Vladimir Maïakovski – Ainsi le veut l’usageTout homme à sa naissance hérite de l’amour –
mais les offices,
les rentes,
et tout le reste,
au fil des jours
ça vous endurcit le terreau du cœur :
Sur le cœur est mis un corps,
sur le corps – une chemise.
Mais c’est pas assez beau !
Quelqu’un –
l’idiot –
imposa les manchettes
et répandit l’amidon sur les jabots.
Avec l’âge, on s’avise.
La femme se met des fards.
L’homme fait le moulin comme Muller le stipule.
C’est trop tard.
Ses plis de la peau se multiplient.
L’amour fleurit
un moment –
puis se flétrit.

*

Обыкновенно так

Любовь любому рожденному дадена,—
но между служб,
доходов
и прочего
со дня на день
очерствевает сердечная почва.
На сердце тело надето,
на тело — рубаха.
Но и этого мало!
Один —
идиот!—
манжеты наделал
и груди стал заливать крахмалом.
Под старость спохватятся.
Женщина мажется.
Мужчина по Мюллеру мельницей машется.
Но поздно.
Морщинами множится кожица.
Любовь поцветет,
поцветет —
и скукожится.

*

Usually So

Any man born is entitled to love,
but what with jobs,
incomes,
and other such things,
the heart’s core grows harder
from day to day.
The heart wears a body;
the body-a shirt.
Even that’s not enough!
Someonethe
idiotlmanufactured
stiff cuffs
and clamped starch on the chest.
Aging, people suddenly have second thoughts.
Women rub in powder and rouge.
Men do cartwheels according to Muller’s system.2
But it’s too late.
The skin proliferates in wrinkles.
Love flowers,
and flowers
and then withers and shrinks.

***

Vladimir Maïakovski (1893-1930) – À pleine voix : Anthologie poétique, 1915-1930

(Poésie/Gallimard) – Traduit du russe par Christian David – The Bedbug and Selected Poetry (Indiana University Press, 1975) – Translated by Max Hayward and George Reavey.


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