Figuration critique, en 2019, exposait des corps.
Et, parmi ceux-ci, les étranges personnages de Danielle Burgart. En quelle année avait-elle accroché ici un dyptique (2x150x150) représentant un morceau du radeau de la Méduse dont le naufragé aurait dû m'interpeler ?
Cette fois, c'est sans doute la proximité de la toile (150x150) et d'une sculpture qui a attiré mon regard. À moins que ce soit l'oeil même de ses personnages décrivant une courbe faisant penser au mouvement des astres dans le ciel. Le regard des personnages de la toile semble observer le premier d'entre eux prenant cette forme humaine en volume, comme sortie de l'image, poursuivant hors d'elle, et le dos courbé sous la charge qui pèse sur ses épaules, un chemin vers ailleurs. Il parait que Horus signifie "le lointain", celui qui vient de loin. Comme Horus, les personnages de Danielle Burgart ont une tête de faucon, un corps dont on saisit la force, "une force qui va", ils pourraient dire, comme Hernani (Victor Hugo) :
"Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé."
Ils ne se retournent pas, c'est devant eux qu'ils regardent et non au fond de l'abîme. Ils pourraient tout aussi bien dire ces mots de Voltairine de Cleyre : "Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce".