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Ann O’aro – ‘Kamayang’

Publié le 16 octobre 2019 par Les Sens Du Son @LesSensDuSon

Le Son Du Jour #377

Ann O’Aro

Kamayang



ann_oaro.jpgEn 1992, dans son titre Anthem Leonard Cohen chantait de cette immense voix grave : « There is a crack in everything. That’s how the light gets in »

Il y a une fissure en toute chose. C’est ainsi qu’entre la lumière.

Les fissures, se sont elles que la jeune chanteuse Ann O’aro nous conte dans son premier disque d’une intensité rare. Raconter sans faire fuir, un défi hors norme pour une jeune femme qui a vécu l’enfer pendant son enfance. Ses textes, pour la plupart en créole réunionnais, parlent de ses premières années de vie, de ce père violent et incestueux.

Le titre Kap Kap décrit l’indescriptible étreinte d’un père flirtant avec la folie dans une errance criminelle et sauvage :

Moi l’enfant, l’homme, le loup, tout à la fois, je meurs de t’arracher un cri, à coup de griffes, à coup de queue, même si ce n’est pas un cri d’amour 

Un thème et une voix qui lui vaudront d’être régulièrement comparée à Barbara. Ce père finira par se donner la mort lorsqu’elle avait 15 ans. De ce geste elle dira :

Pour la première fois, aux pieds d’une nuit, il y eut la plus belle aube, désormais liée à la mort

Deux ans plus tard elle s’envole pour le Canada où elle vit de trocs, d’expériences communautaires et d’itinérances. C’est la rencontre avec Danyèl Waro et sa musique qui la fait renouer avec son île natale La Réunion. 

Elle y retourne à 21 ans, se réapproprie son corps par la danse et la musique, et se fait repérer lors d’une soirée, par Philippe Conrath, le manager de l’excellent label Cobalt. C’est cette nouvelle rencontre et les nombreux conseils reçus qui lui permettent de se créer un répertoire et une identité musicale forte.

Se plonger dans la musique et la poésie d’Ann O’aro, c’est accepter d’être touché dans les profondeurs de l’âme, c’est se faire bousculer, se laisser enlacer, bercer par une voix solitaire, parfois presque a cappella, envoûtante. C’est aussi se laisser porter par un son, un maloya minimaliste, simplement suggéré par moment,  hypnotisant.

Déposer le premier album d’Ann O’aro sur sa platine c’est à la fois écouter les fissures et entendre, derrière,  la lumière.


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