Lorsque l’on m’a proposé ce livre du Cherche midi éditeur dans le cadre d’un Masse critique privilégié de chez Babélio, je dois avouer que j’ai seulement craqué sur l’esthétique de la couverture, ce que je supposais du roman, et répondu assez vite par l’affirmative… Mais, fidèle à ma propension de ne pas lire les quatrième de couverture, j’ai en réalité été bien surprise par les premières pages de Terrible vertu. Car autant je n’ai pas été complètement séduite par le style, et cette utilisation de la première personne un peu déstabilisante, autant j’ai été enchantée par son sujet. Ce roman s’avère être en effet la biographie romancée d’une grande dame américaine, Margaret Sanger, à l’origine d’un mouvement du XXème siècle pour le contrôle des naissances, du planning familial et de la pilule. Elle naît en 1879 dans une famille ouvrière d’origine irlandaise, sixième des onze enfants du couple. Sa mère a subit en tout 18 grossesses. Et c’est ce qui révolte dès le plus jeune âge cette jeune fille intrépide et libre, la soumission des femmes au mari, la non égalité devant le plaisir sexuel, et ces grossesses à répétition qui entretiennent la misère des classes les plus pauvres. Pourtant, Margaret se marie et a des enfants. Mais justement, c’est ce choix dans ses désirs de grossesse, ce choix de disposer de son corps, qu’elle revendique. Très vite, Margaret met en danger sa jeune famille pour ses idées, les négligeant malgré son amour, prenant des amants, bravant les institutions. Son but est de réduire le nombre d’avortements qu’elle constate dans sa profession d’infirmière et de sage-femme dans les quartiers les plus pauvres de New York. Le mariage est souvent pour ces femmes au départ un choix économique, ou amoureux, puis les enfants commencent à arriver, et chaque naissance aggrave la situation. La contraception n’est pas encore entrée dans les mœurs très puritaines de l’Amérique du début du XXème siècle et inciter ses concitoyens à la pratiquer un acte illégal. Margaret Sanger le constate lorsqu’elle sort en 1914 sa revue The Woman Rebel. Mais rien n’arrête cette femme qui cherchera sans cesse des appuis et à étendre ses connaissances sur le sujet. Est-ce parce que son personnage est controversé qu’il a disparu de la mémoire collective ? On l’accusa d’être trop libertine, et d’eugénisme (ce que Ellen Feldman réfute). En 1951, elle incite pourtant un biologiste américain à mettre au point la contraception orale qui deviendra la pilule. Je suis ressortie de cette lecture enchantée d’avoir tant appris sur ce mouvement qui a sans conteste libéré la femme, et admirative devant la force de conviction et l’obstination de Margaret Sanger. Mes bémols sur le style se sont vite envolés devant l’intérêt de l’histoire que l’on me racontait. J’ai repensé également à cette série que j’avais beaucoup aimé regarder sur Netflix, Call the Midwife, et qui illustre parfaitement le contexte dans lequel Margaret Sanger a commencé son combat, même si l’intrigue se déroule dans les années 50 dans un quartier pauvre de Londres.
Le Cherche midi éditeur – 3 octobre 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Terrible vertu Ellen Feldman tous les livres sur Babelio.com«Les femmes rebelles réclament : le droit à la paresse, le droit d’être mère célibataire, le droit de détruire, le droit de créer, le droit d’aimer, le droit de vivre.»