C'est le film de qui a eu l'honneur d'ouvrir l'année 2012 du ProyasCiné-Club. Un film que chacun des participants (6, cette fois) connaissait plus ou moins intimement, mais dont la version director'scut n'avait pas encore été exploitée en DVD zone 2. Ce n'était donc, apriori, pas une séance de découverte à proprement parler et il y avait fort peu de chances que les commentaires soient désobligeants, voire même un tant soit peu négatifs tant l'aura de cette pièce maîtresse du cinéma de SF était grande auprès de nous.
Dès les premières secondes, des variations plus ou moins perceptibles se font jour par rapport à la version distribuée en salles : un montage subtilement différent et la disparition de l'intro en voix off tendent à augmenter la tension et impliquer davantage le spectateur dans cette ambiance oppressante. On notera aussi l'apparition de personnages secondaires (la fille de la prostituée) et plus de détails sanglants sur les cadavres. L'intrigue, quant à elle, est toujours aussi riche et nous fait profiter d'une histoire dense dans laquelle se débattent quelques humains désespérés au sein d'un monde plongé dans la nuit éternelle, manipulés sans le savoir par des êtres quasi-omnipotents. De ces toits perpétuellement enténébrés (des décors qui seront repris, ainsi qu'une partie du character design, dans Matrix) à ces intérieurs glauques issus d'une époque mal définie oscillant aux alentours des années 1940, on navigue dans une enquête fuligineuse dont les révélations, savamment distribuées, dévoilent un récit d'anticipation osé et visionnaire.
A n'en pas douter, Alex Proyas confirmait par ce métrage tout le talent entrevu dans the Crow et un certain style filmique, une "signature" qui augurait de grandes choses (mais l'avenir verra son potentiel cruellement dévoyé). Quoi qu'il devait en être plus tard, le réalisateur signe ici une oeuvre de grande SF, donc, qui s'appuie malicieusement sur un excellent quoique surprenant casting ( Kiefer Sutherland est assez convaincant en médecin équivoque, Jennifer Connelly est toujours aussi craquante - à noter que cette fois, c'est bien sa voix qu'on entend dans les deux chansons qu'elle interprète - et William Hurt est proprement impérial) même si on peut déplorer une BO un peu poussive, manquant d'allant et d'ampleur.
La copie HD du blu-ray Metropolitan est plutôt bonne et renforce la palette de couleurs (dès les
premiers plans, on sait qu'on balancera constamment entre du violine et du vert pisseux) mais la VF ( DTS HD) grésille parfois, avec des variations d'intensité notables - on se consolera avec quelques excellents doubleurs, dont Feodor Atkine, toujours magistral, qui compensent la faiblesse des voix féminines.