Construire le futur sur les rives du passé, c’est ainsi que l’on pourrait rapidement qualifier le projet « Quai 22 », situé près de Lille sur la commune de Saint-André-Lez-Lille. Un projet conçu dans une démarche de co-construction avec la ville, la Métropole européenne de Lille, les riverains et les associations locales. Et Lionel Amann, directeur du projet pour Linkcity, d’expliquer : « Sur une parcelle assez grande de 10 hectares d’un ancien site industriel, il s’agit de reconstruire la ville sur la ville, de transformer ce lieu désaffecté en un quartier qui ait une âme, qui soit vivant et suffisamment dense ». Un programme mixte qui, à terme en 2025, regroupera 700 logements, dont 30% sociaux et 10% intermédiaires, des surfaces commerciales dont 4 500 m² situés en pieds d’immeubles, et 10 000 m2 de bureaux. Certains y verraient une requalification urbaine tout à fait classique de friche industrielle. Erreur !
« L’Art de la flânerie »
Ici, les aménageurs – la Sem Ville Renouvelée, Linkcity, Ceetrus, avec l’agence d’urbanisme Nicolas Michelin et Associés – se sont inspirés des configurations urbaines des villes situées plus au nord : « Comme en Belgique ou en Hollande, nous avons tourné la ville vers son canal, ce qui n’était absolument pas le cas auparavant. C’est notre point de départ », détaille Lionel Amann. Mais le programme, bien plus riche qu’un simple aménagement de berges, se développe selon trois thématiques : « La première est liée à la berge, nous l’avons appelée “l’Art de la flânerie”. L’idée : prendre le temps de se balader, mettre de la poésie dans la ville et dans la vie. » Traduction ? Un réaménagement des quais pour des balades à pied, en vélo, ponctués d’espaces de détente, d’une place avec brasseries, restaurants et autres, et un parc verdoyant : « Une respiration verte, une belle ouverture d’un peu plus d’un hectare.»
Famille et jeux
Deuxième axe, la famille et le jeu. « Tout est parti d’un constat. Beaucoup d’îlots urbains alentour ont été construits pour des investisseurs (loi Pinel). En conséquence, la taille des logements a été réduite pour optimiser les rendements. Nous prenons le contrepied de cela. Comme il y a peu de logements autour du site pour les familles, nous avons pris le parti d’en prévoir un maximum en imposant des surfaces moyennes supérieures à 70 m2, quand les autres projets sont en-dessous des 60 m2. ».
Et comme le quartier sera évidemment peuplé d’enfants, la thématique du jeu s’est naturellement imposée : « Il sera possible dans les espaces publics de jouer un peu partout, que ce soit dans des espaces de jeux dédiés, dans les sentes ou encore sur les zones piétonnes », précise Lionel Amann. Mais cela ne s’arrête pas là. Une réflexion est en cours pour animer les pieds d’immeubles : « De la salle de sport classique à des lieux plus ludiques, avec jeux virtuels ou autres.»
Fédérer, créer une identité
La troisième ambition, et non des moindres : réintroduire la biodiversité, faune et flore. Une action méthodique est engagée sur tous les espaces publics – création de supports, de terrasses, d’aires d’accueil. « Les parkings seront systématiquement couverts par des dalles terrasses plantées et accessibles ». Il sera possible d’y cultiver son jardin potager. Et cela n’a rien à voir avec une déclaration d’intention ou un simple affichage. Pour preuve, « nous avons un partenariat avec la faculté de Lille pour réaliser des inventaires réguliers de la biodiversité ». Il reste un point crucial : « Aujourd’hui, personne ne connaît le quartier, il n’a ni identité ni âme. » D’où les nombreuses actions et événements mis en place pour créer une identité et fédérer les riverains, les associations, etc. « On sait déjà que des associations veulent investir les pieds d’immeubles », se félicite Lionel Amann.
Rendez-vous en 2025 !