J’aime bien découvrir de nouvelles maisons d’édition, et me laisser tenter par un sujet intéressant à priori. C’est le cas avec ce témoignage que je présente aujourd’hui. Le sujet de la dépendance affective, vendu en quatrième de couverture, m’intéressait beaucoup, surtout dans le cadre d’une histoire vraie. Il est bon parfois de lire ce genre de récits pour piocher quelques clés et apporter de l’eau à son propre moulin. Ancienne libraire, Nathalie Delassy, à la mort de son père, a décidé de revenir sur le chemin parcouru, la manière dont elle s’est relevée de la boulimie, de son divorce, d’une mère plus ou moins bienveillante, d’une histoire d’amour toxique. J’ai été très impressionnée d’ailleurs par tout ce qui a concerné, dans le récit, les actes boulimiques, dont j’ignorais les mécanismes. Quand on a une jeune fille à la maison, on s’interroge forcément à un moment donné sur ce que l’on sait ou non à son sujet, et on se demande à l’occasion si la nourriture est un problème. Dans son témoignage, Nathalie Delassy parvient à cacher à tout le monde son désarroi, et à donner une image lisse et parfaite. Ses crises lui permettent de gérer ses angoisses et sont vécues comme des bouées de sauvetage, jusqu’à ce que sa santé soit mise en danger et qu’elle s’inquiète pour l’avenir de sa propre fille. Il est dommage cependant que le ton de l’écriture ne colle pas avec le sérieux du sujet. En effet, Nathalie Delassy a choisi de raconter son histoire à la première personne, au présent de l’indicatif et en faisant usage d’adjectifs que l’on retrouve en général plus dans des romans de Chick litt que dans de tels témoignages. Cela désarçonne beaucoup, enlève tout réalisme et intérêt au récit, qui prend des allures anecdotiques, alors que le dernier chapitre, plus sincère et grave, enfin sur le ton que l’on attendait depuis le début, émeut véritablement. Quel dommage ! Cette lecture s’avère donc une déception, malgré les bonnes intentions de l’auteure, dont je salue pour autant le courage qui transparaît en filigrane.
Editions Seramis – 24 octobre 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…