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Les enfants pâles, de Loo Hui Phang et Philippe Dupuy

Publié le 03 novembre 2019 par Onarretetout

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Dans ce pays, la misère est telle que les parents, pour ne pas la faire subir à leurs enfants, les tuent. Alors ils se cachent et sont prêts à suivre quiconque les sauvera de ce désastre. Celui qui les emmène a quinze ans, les réunit, leur fait répéter « Les parents sont des assassins », et les invite à le suivre à travers la plaine, vers la forêt et au-delà où les attend le miracle. Il joue du violon et rythme leur marche avec un hymne à la révolution. Il punit aussi chaque réfractaire à cette vie communautaire, sans abri et sans nourriture. Le bannissement est sa sanction préférée. Certains résistent, beaucoup meurent en chemin. Quand ils arrivent à l’orée de la forêt, leur premier guide meurt à son tour ; un autre prend la suite. À la révolution, il ajoute une sorte de mission divine et poursuit les règles disciplinaires de son prédécesseur. Quand tous sont morts sauf un enfant, voilà ce dernier qui arrive dans un étrange paradis, une prison maternelle dont il ne pourra s’échapper que par un effort surnaturel. 

C’est un roman graphique dont le récit passe alternativement du texte au dessin et du dessin au texte. C’est un roman noir où les adultes ne savent comment vivre dignement et où les enfants reproduisent les erreurs des adultes. C’est la mort, au fond, qui mène l’errance. 

Il y a des similitudes avec la bande dessinée des mêmes auteur.e.s, Nuages et pluie : dans les deux ouvrages, par exemple, on trouve ces forteresses, lieu de soumission au travail dans l’un, lieu de soumission aux caresses maternelles possessives dans l’autre ; les deux ouvrages évoquent des rites de passage : sortir de la vie pour l’un, sortir de l’enfance pour l’autre.


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