Pour Journal du Japon j’ai eu le plaisir d’interviewer Tsuyoshi TAKAKI grâce Ki-oon. Sont précédent manga, Black Torch, ce fut immédiatement un coup de cœur pour moi et je suis loin d’être la seule car l’éditeur français a mis le paquet sur son nouveau titre. Vous pouvez lire mon avis en cliquant sur ce lien.
Pas de pause pour le jeune auteur qui se lance dans une nouvelle aventure SF cette fois avec Heart Gear. Son trait incisif n’a rien perdu de sa force et de sa vivacité. Heart Gear nous promet de belles aventures, de beaux combats et une réflexion intéressante sur les robots et autres intelligences artificielles. Ce fan de hip hop et de chats a bien voulu répondre à nos questions sur ses deux œuvres Black Torch et Heart Gear.
Pouvez-vous vous présenter pour le site ?
Bonjour, je m’appelle Tsuyoshi Takaki. J’ai dessiné le manga Black Torch et aujourd’hui, je fais une nouvelle série qui s’appelle Heart Gear publiée dans le web magazine japonais Jump+ (Heart Gear est disponible gratuitement et en anglais sur l’application Mangas plus N.D.L.R.).
La série Black Torch a été publiée en France, pouvez vous nous expliquer la genèse du projet ?
Dès le départ, j’avais envie de faire un manga d’action et de baston qui se passe dans le monde contemporain. A partir de là j’ai essayé de trouver un thème intéressant, les ninjas m’ont paru être particulièrement appropriés puisqu’ils sont connus aussi bien au Japon qu’à l’étranger.
Ensuite, la question s’est posée de savoir qui serait leurs ennemis. Et là encore, je me suis dit que puisque nous sommes dans un thème plutôt japonisant, je suis resté dans la même ligne : j’ai pris les mononoke (créature fantastique, esprit vengeur N.D.L.R.). Ainsi, pour créer l’histoire, j’ai élargi à partir de ces 2 concepts.
La première chose qui frappe dans l’oeuvre est évidemment le graphisme de l’oeuvre.
Quelles sont vos inspirations ? travaillez-vous en analogique ou en numérique ?
J’ai commencé à travailler tout en numérique justement à partir de Black Torch. Je le dessinais donc sur tablette graphique. Mais jusque là, je travaillais à la main, de manière traditionnelle, il m’arrivait d’utiliser en particulier le pinceau et de l’encre de chine. Personnellement, j’aime beaucoup le rendu papier et j’essaie de m’approcher le plus de ce rendu même en numérique.
Black Torch est un manga qui aborde la relation entre le monde moderne et le surnaturel. Qu’est-ce qui vous a amené à aborder cette thématique ?
Dans la série, je mélange certains concepts S.F. avec de la fantasy, le tout dans un monde moderne. Donc les mononoke créent une espèce de pont entre ce monde réel et ce monde fantaisiste du Japon traditionnel. Je pense que c’est ce cocktail qui rend la série intéressante. J’avais envie de toute façon de mélanger des éléments de fantasy scientifique, dans le sens où il y a des explications et de fantasy pure dans Black Torch.
Y’avait-il un message caché derrière les relations entre les mononoke et les humains dans la série ?
Non honnêtement, pour moi, tout simplement, le monde des humains et celui des mononoke sont, certes, deux mondes différents mais qui se côtoient depuis toujours. Donc c’est juste à partir de ce concept là que j’ai construit l’histoire [sans message particulier].
L’oeuvre a été interrompue après cinq tomes, peut-on espérer y découvrir une suite ? (Que ça soit au Japon ou en France) Auriez-vous aimé aller plus loin sur cette série ?
J’avais prévu des éléments pour aller éventuellement plus loin. Mais comme la série s’est terminée en cinq volumes, à l’heure actuelle, je n’ai pas de projet de continuer au-delà, d’autant plus que je suis complètement focalisé sur Heart Gear et c’est vraiment là-dessus que j’ai envie de me concentrer.
La fin de Black Torch me semble satisfaisante. Je pense que j’ai donné vraiment le maximum de moi-même sur cette série.
En octobre paraît Heart Gear chez Ki-oon, après avoir fait de la fantasy puis une oeuvre d’action fantastique, vous vous lancez sur de la science fiction, quelle sera le sujet de la série ?
Comment avez vous construit ce nouvel univers ?
Dans le monde de Heart Gear, on n’a plus aucun être humain (à part l’héroïne Roue N.D.L.R.), en fait, il ne reste plus que des gears (des robots N.D.L.R.). Et c’est à travers ces robots qui sont extrêmement proches des êtres humains que je voudrais donner des éléments de réflexion sur ce qu’est l’humanité et ce qu’est la vie. C’est vraiment ce questionnement que j’aimerais transmettre au lecteur à travers ma nouvelle série.
Et quels sont vos influences en S.F. ?
J’aime la S.F. depuis toujours. Du coup, j’ai toujours été sensible aux mangas, aux films, aux animes et aux jeux vidéo qui traitent de ce thème. Si je commence à donner tout ce que j’ai pu voir, la liste serait sans fin. En manga je peux citer les œuvres de Tsutomu Nihei (BLAME!) qui fait de la hard SF. En film, on peut citer Blade Runner, Mad Max, Matrix sont bien sûr des films que j’ai vu à leur sortie. En jeux vidéo, j’aime bien les séries Borderlands et Fallout.
Avez-vous déjà pensé au nombre de tomes ?
Non je n’ai pas de projet concret mais j’aimerais continuer le plus longtemps possible et j’espère qu’elle sera plus longue que Black Torch.
D’ailleurs, c’est un sujet très actuel, pensez vous que l’I.A. peut à termes avoir un libre arbitre et avoir le mêmes droits que nous (et donc ne pas être régi que par les lois d’Asimov) ?
Je pense que si ça arrive un jour, si les robots ou les I.A. ont un jour les mêmes droits que les humains, automatiquement elles deviendront des existences supérieures. On passera au stade où les humains seront plutôt placés sous leur contrôle contrairement à l’heure actuelle et les règles qui régissent notre monde seront, par conséquent, complètement chamboulées.
Merci beaucoup pour cet échange, avez-vous un dernier mot pour le public ?
Merci beaucoup à mon lectorat français pour le soutien à Black Torch. Et même pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, j’espère que ça vous plaira et que ça vous donnera envie de lire Heart Gear. Ce sont deux œuvres qui sont différentes mais il y aura toujours la même volonté de mettre de l’action classe, des belles bastons avec des personnages charismatiques et des filles plutôt mignonnes Donc j’espère que vous continuerez à me suivre !
Merci beaucoup.
Je tiens à remercier Tsuyoshi Takaki, Victoire de Montalivet, les traductrices, Juliet Faure, ainsi que Yoann ZONTA de Sanctuary.fr avec qui nous avons fait cette interview.
Cette interview a été réalisé pour Journal du Japon.