Magazine Culture

Papicha, film de Mounia Meddour

Publié le 17 novembre 2019 par Onarretetout

5412383

Étudiantes, ces jeunes filles algériennes, dans les années 90, voient monter l’intégrisme. Ça vient sans qu’on s’en rende compte. Et, un jour, il y a une affiche sur laquelle on voit une femme couverte de la tête aux pieds par un tissu noir qui fait disparaître le corps. Et l’injonction qui est inscrite recommande cette tenue pour les filles et les femmes. Nedjma (Lyna Khoudri) arrache une affiche, sous l’oeil de Mokhtar (Samir El Hakim), le gardien de la Cité universitaire. Le corps des femmes, voilà l’enjeu. Disparaissez, femmes, de l’espace public. La Cité universitaire même sera enfermée derrière de hauts murs surmontés de barbelés. C’est donc cela le danger ? Nedjma dessine et vend des robes. Ce qui n’est au départ qu’une envie de création va devenir l’outil de résistance à l’oppression : elle va organiser un défilé de mode, toutes ses amies seront vêtues d’un tissu blanc savamment agencé en plis.

Le film de Mounia Meddour montre comment l’intégrisme infiltre les esprits : que les hommes utilisent cette idéologie pour dominer l’autre sexe, cela ne surprend pas, mais les femmes aussi se soumettent à cette violence et la véhiculent. D’avoir choisi cette approche par le vêtement n’est pas seulement prendre en compte la réalité mais aussi mettre en évidence que c’est par le sort fait au corps (qu’il faut cacher) que se cristallise la question de la place des femmes dans la société. 

Le film est éprouvant. Mais il est aussi lumineux. La réalisatrice a su littéralement faire sortir de la terre algérienne la force de l’espoir et de la résistance. Peut-être cette résistance qu’on voit chaque semaine dans les rues du pays ces derniers mois.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Onarretetout 3973 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine