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Mixshake & Interview | Art Of Tones

Publié le 19 novembre 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

A l'occasion de la soirée What the Funk vendredi soir au Djoon (Paris), nous avons pris un moment pour échanger avec le fameux Ludovic Llorca, aka Llorca, aka Art of Tones.

Que ce soit sous son projet Art of Tones ou Llorca, le producteur et dj n'a cessé d'alimenter le groove à la française, et ce depuis les années 90. Repéré par Laurent Garnier en 1997, il signe chez F-Communications et sort plusieurs EPs ainsi que son célèbre album " Newcomer" . Au fil des années (et des EPs), Llorca n'a rien perdu de sa superbe et nous fait toujours autant danser ! Avant de le retrouver samedi soir, il nous a préparé un petit mixshake et répondu à nos questions... Cheers !

Tu reviens au Djoon le 22 novembre pour la soirée What The Funk. Peux-tu nous dire quel est ton rapport à ce club où tu joues régulièrement ?

Je connais le Djoon depuis son ouverture, j'y suis venu souvent pour écouter mes djs préférés, et c'est toujours un plaisir d'y retourner pour jouer. A Paris, c'est un club à part, surement le seul où les gens arrivent si tôt et y viennent pour le plaisir de danser : le dancefloor se remplit vite et la foule vient pour le groove, que ce soit de la musique des années 70 ou la musique électronique d'aujourd'hui. J'aime beaucoup les soirées What The Funk, parce qu'on peut naviguer entre tous les styles de musique. J'ai hâte d'y être, Alex et Luc sont des amis et des kiffeurs de bon son, on joue tous les trois des musiques similaires mais très complémentaires.

Je t'ai personnellement découvert sous ton projet Llorca, car mon père possédait ton album " New Comer " et ta compilation " My Playlist " que j'écoute encore aujourd'hui. Comment t'es venu ce projet de compilation ? As-tu envie de réitérer ce genre de projets à l'avenir ?

A l'époque j'avais été sollicité par Gilles Collot de Wagram (que je salue au passage), le label lançait une série de compilations dont le thème était " carte blanche donnée à un artiste ou un dj ". J'ai beaucoup travaillé sur le tracklisting, parce que je voulais à la fois que ça reflète mes goûts musicaux de l'époque, et que ça reste un mix qu'on puisse écouter 10 ou 20 ans plus tard. Il fallait également qu'il y ait une vraie cohérence entre les morceaux, même s'il y avait de électronique pure (Joakim) comme du groove (The Rebirth). Le mix aussi m'a pris du temps à cause de contraintes techniques : je ne voulais pas que les morceaux soient mixés en vinyle mais il était important que tout s'enchaîne de manière fluide. J'aimerais beaucoup en refaire une aujourd'hui !

Lors de tes dernières interviews, on a pu en apprendre beaucoup sur le début de la scène électronique en France et la différence entre la scène d'hier et d'aujourd'hui. Commenttu en es venu à mixer et à produire ? Qu'est-ce qui t'a lancé sur cette voie et introduit à ce milieu ?

J'ai su assez tôt que je voulais faire de la musique assistée par ordinateur, mais je ne pensais pas à la musique électronique au début (que je ne connaissais pas encore) : j'ai fait mes premières armes en composant de la musique 8 bits sur des ordinateurs familiaux, quand il n'y avait pas encore de PC. Puis, mon ami David Duriez m'a fait découvrir la House et la Techno, et j'ai attrapé le virus ! Les progrès dans l'informatique m'ont permis de passer de la musique " bleep " à la musique électronique, et j'ai ensuite commencé a envoyer des démos a des labels quand j'avais 18/19 ans. Quant au mix, on achetait beaucoup de vinyles à l'époque car les morceaux n'étaient disponibles que dans ce format... et quand on a du vinyle chez soi, on a envie de mixer parce que c'est le meilleur moyen de partager cette musique !

Du coup, quels conseils pourrais-tu donner à des djs/producteurs en herbe ?

Être curieux, s'exprimer dans sa musique, avoir confiance en soi et rester humble. Aujourd'hui la scène est remplie de jeunes producteurs talentueux, il faut maîtriser la théorie musicale, être un peu ingé-son, se documenter souvent sur les nouveautés techniques... et il faut faire tout ça mieux que tout le monde ! Mais c'est la personnalité de la musique qu'on crée qui fait la différence, ce qu'on met de soi dans sa musique : ça doit rester un art.

A ton avis, comment ton expérience s'est ressentie et a influencé au fil des années tes productions, ta façon de mixer et ta vision de la House ?

En premier lieu, sur mon son : j'ai énormément travaillé là dessus et sur les techniques de production (comment faire sonner un kick, un beat, un morceau...). Et évidemment, la musique que j'écoute influence mes productions. Mais je reste accroché à mon premier fantasme : faire de la musique qui pourrait être de la musique de studio, avec des musiciens... mais la faire entièrement avec l'outil informatique. Devenir chef d'orchestre derrière l'ordinateur, c'est ce que j'ai toujours voulu faire.

Quels sont tes coups de cœurs musicaux dernièrement ? Certains artistes ou albums ont-ils particulièrement capté ton attention ?

Dans le style de ce que je joue en dj, difficile de passer a coté de Joey Negro. Productif et qualitatif, il suffit d'écouter sa dernière compilation Remixed With Love :

Mon dernier gros coup de cœur musical c'est le dernier album de Fred Pallem et le sacre du tympan, il n'y a absolument rien a jeter dedans. Ambiance cinématique garantie :

J'ai été déçu par l'album de Raphael Saadiq mais il y a une petite bombe qui me fend a le cœur a chaque fois :

L'album de Isaac Birituro est très beau et obsédant :

Ah, et il faut garder un œil sur Cody Currie. Le nouveau track sur Toy Tonics est décidément très Masters At Work et ça me plait beaucoup :

Comment effectues-tu ta recherche de samples ?

Je pioche évidemment en premier lieu dans ce que j'ai acheté ou écouté récemment. J'ai tendance à aller chercher des samples avec des instruments que je ne peux pas refaire chez moi, comme la guitare parce que je ne suis pas guitariste, ou des sons de batterie comme une caisse claire qui va sonner différemment. Je commence rarement un morceau par un sample : j'ai une idée que je couche (basse / batterie / accords très souvent) et ensuite j'essaye d'étoffer cette idée en y amenant du sample. Mais il faut savoir ce qu'on cherche sinon on passe la journée à écouter la musique des autres sans rien produire. C'est ma démarche mais je sais que certains producteurs font l'inverse : ils partent d'un sample et étoffent autour. Ce qui est important, ce n'est pas le sample mais ce que tu en fais.

Peux-tu nous en dire plus sur tes projets à venir ?

Bon, j'ai beaucoup de morceaux en chantier mais je ne suis pas encore repassé à l'attaque sur un mode album, que ce soit avec Art Of Tones ou Llorca. J'ai pourtant tout le matériel pour faire 2 ou 3 albums, mais j'aimerais que ce soit un projet pensé et cohérent. Ça va surement venir l'année prochaine. Pour l'instant je suis plutôt en train de défricher mon disque dur et de finir des morceaux un par un. Et puis j'aimerais commencer à travailler sur un Live. Tout ça a coté des demandes de remixes que je reçois.

Comment vois-tu l'avenir de la musique électronique, et plus précisément de la House ?

Difficile question. Mais on a tous senti qu'il y avait un virage sur une musique plus " froide " depuis quelques mois. La musique électronique, comme toutes les musiques, se répète par cycle, et j'ai l'impression qu'on replonge tout doucement dans un son plus sec, plus rock, c'est ce qui s'est passé en 2003/2004. J'espère juste que ça ne va pas durer trop longtemps cette fois ci !

Et la question spéciale du Limonadier, si tu étais une boisson/un cocktail ?

Un whisky japonais, un Hibiki par exemple !


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