Le dernier album de Cate Le Bon est un disque qui s'est imposé progressivement comme un des meilleurs de 2019, imposant un style bien à lui. Contrairement à ses prédécesseurs, il fait aussi preuve d'une belle homogénéité, difficile d'en sortir une fois qu'on y est rentré. L'occasion était donc belle pour maman et moi de profiter d'une possibilité de garde d'enfants à domicile pour aller voir la galloise en concert, qui plus est à deux pas de chez nous, sur la péniche du Petit Bain. La première partie était assurée par un japonais basé à Londres, Koichi Yamanoha et se faisant appeler Grimm Grimm. Il bidouille seul sur scène avec sa guitare et son petit matos. On pense rapidement à une version lofi de Beach House. Ce n'est pas désagréable même si les mélodies sont plutôt basiques. Le gars est assez touchant, il avoue qu'une des chansons est un hommage à une ex-petite amie décédée. C'est Cate Le Bon qui l'a elle-même choisie pour l'accompagner en tournée, formant une sorte de communauté d'artistes volontairement en dehors des sentiers battus, pas vraiment adaptés pour le succès.
Sur scène, la chanteuse est entourée de cinq musiciens pour soutenir son répertoire si singulier. Un et parfois deux saxophones sont présents pour jouer les titres envoûtants de "Reward" dont la majorité sera joué. Toute cette petite machine est parfaitement huilée, jusqu'aux passages de guitares plus acérées. On pense un peu à Siouxsie pour le chant déclamatoire ou pour le rouge omniprésent que cela soit dans les lumières que sur les paupières de tout ce petit monde, hommes et femmes compris. L'accent gallois très prononcé perceptible dans sa musique ne semble pas être une quelconque coquetterie, car il s'entend même lorsqu'elle s'adresse au public; notamment lorsqu'elle annonce "Habit of you" une belle reprise de Arthur Russell, artiste disparu très tôt dont le culte est grandissant. Il n'y a pas de rappel, l'essentiel a déjà été dit. Un peu plus d'une heure de concert impeccable d'une artiste majeure de la scène rock indépendante actuelle et qui confirme sur scène le talent aperçu sur disques. Quand on pense qu'un journaliste rock aussi réputé que François Gorin l'avait reléguée au rang de simple choriste, on se dit pourtant qu'il lui reste encore du chemin avant de se faire un nom.