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Les proies

Par Rob Gordon
Les proiesC’est ce qu’on appelle un survival. Court, rapide, impitoyable, Les proies est à l’image des balles qui font siffler nos oreilles et celles des héros. On a rarement vu scénario aussi simple et dépouillé : un type roule dans une région isolée et montagneuse, et se retrouve pris pour cible par des tireurs embusqués. Le principe est simple, puisque l’un tire, et l’autre court. Et c’est bigrement efficace pendant assez longtemps, d’autant que le réalisateur Gonzalo López-Gallego manie la caméra avec brio. Sa mise en scène reproduit à merveille le sentiment d’urgence qui anime le héros (les héros, en fait, puisqu’une jolie nana ne va pas tarder à se joindre à lui), qui n’a pour seule alternative que la fuite, encore et toujours.
Le film est totalement centré sur ce duel à distance. La simplicité du script est un atout réel, puisqu’on ne s’encombre quasiment pas de personnages secondaires et donc des dialogues qui font avec. Dans Les proies, il peut facilement se passer dix minutes sans qu’un mot ne soit prononcé ; le mieux, c’est que personne ne s’en sera rendu compte, tant ce film à grand suspense, angoissant plus qu’effrayant, tient rivé à son siège. Du moins pendant une heure.
Car arrive ensuite l’instant fatidique où López-Gallego décide de quitter les proies pour épouser le point de vue des tireurs. Là, le film est dépossédé de toute sa force de suggestion, un peu comme si Spielberg avait terminé Duel en filmant depuis la cabine du camion, et avec les commentaires du chauffeur routier en prime. Le seul atout de ce renversement, c’est qu’il nous offre une scène de traque en forme de vrai shoot’em up, avec images subjectives et rechargement comme sur une vieille borne d’arcade. Pour le reste, on se désintéresse pas mal du destin des personnages restants, comme si les chasseurs n’étaient plus assez mystérieux et que les proies n’étaient plus assez fragiles. Mais Gonzalo López-Gallego possède un vrai talent, et l’on reparlera de lui dans les années à venir.
6/10

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