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[CHRONIQUE LIVRE] Marguerite Duras || L’Amant

Par Athanase Kircher

Bonjour à tous,

Je reviens vers vous avec un nouvel avis lecture. J'ai mis du temps à l'écrire car en refermant ce livre, des sentiments contradictoires vous assaillent.

L'Amant, dans mon imaginaire de lectrice, était un roman qui abordait principalement la première aventure de Marguerite Duras quand elle vivait dans cette partie du monde qu'on appelait l'Indochine. Un récit qui se centrait logiquement sur la romance entre deux êtres que tout sépare : l'âge, les origines, les habitudes, la culture, les environnements sociaux fréquentés.

Après lecture, ce livre est plus complexe qu'il en a l'air. Bien sûr, sa première relation est un des éléments importants du livre. Il m'a semblé, malgré tout, que ce n'était pas le principal. Le cœur du récit est la famille. Chose qui semble étonnante vu la famille assez réduite de Marguerite Duras. Pourtant, au fil des pages ce sont les membres de la famille Duras qui sont les véritables héros. Le frère ainé est son tempérament autoritaire, violent et joueur. Le petit frère, personnage le plus énigmatique du roman. Il est constamment présent mais on sait si peu de choses sur lui. Il a cet aspect évanescent. Enfin, le dernier membre : la mère qui est l'héroïne de ce roman. Tout gravite autour d'elle, que ce soit les personnages, les situations. Le lecteur a toujours son point de vue, ses réactions, ses réponses. Ensuite, vient le fameux personnage de l'amant - qui sera constamment nommé " le chinois de Cholen " - ni plus, ni moins.

Le réel tour de force de ce récit est la temporalité. J'avais lu le retour de certains lecteurs disant qu'ils avaient détesté lire l'Amant à cause de ces retours en arrière, puis en avant. A vrai dire, c'est justement le point que j'ai trouvé le plus brillant dans ce roman. Cette dextérité que possède Duras à jouer avec les analepses, prolepses et ellipses m'a émerveillé. Elle arrive à conserver une fluidité d'écriture tout en jouant avec la chronologie des événements. Les choses qu'elles passent sous silence également sont perceptibles. Le lecteur se rend compte qu'il lui manque des indications, des éléments pour appréhender l'entièreté de l'action. Mais il ne peut rien faire pour les avoir, ces éléments. L'autre point assez admirable est le jeu avec la figure du narrateur. L'Amant est classé en auto-biographie. Logiquement, on s'attend à un récit où le " je " représente l'autrice. Néanmoins, dans certains chapitres, on a l'impression d'avoir un narrateur distant à l'action, qui n'en fait pas parti.

Pour finir, l'ambiance de ce livre est particulière. Le lecteur ressent à chaque page une tension tragique. On sait, dès les premières pages, que ce n'est pas une histoire heureuse qui nous est conté. Au contraire, il y a une tristesse, un sentiment de perte constamment présent. Une charge émotionnel sombre et négative qui donne une atmosphère propre à cet ouvrage. Heureuse de l'avoir enfin découvert car l'idée que je m'en faisais été bien éloignée de la réalité du récit. Je pense que le film - qui a eu un énorme succès - doit se concentrer bien plus sur la romance ce qui a sûrement contribué à donner une aura " romantique " au roman. Pourtant, en le lisant, on remarque vite que le sujet principal n'est pas là. Le vrai thème de ce roman c'est la famille. Les dynamiques entre les membres qui l'a compose et le bonheur qu'elle peut procurer comme le malheur qu'elle inflige.

En espérant que cet avis vous aura plu, je vous remercie sincèrement de m'avoir lu et je vous dis à très vite.

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