La leçon de Greta Thunberg tente à la fois d'entendre ce qu'elle nous dit et de lui répondre - de " prendre ses responsabilités ", sur les plans à la fois théorique et pratique, et en référence à une recherche actuellement expérimentée en Seine Saint‐ Denis dans le cadre d'un Territoire apprenant contributif1. Cet ouvrage qui est donc une réponse aux appels de Greta Thunberg et des représentants français de Youth for climate, ainsi qu'à ceux d'Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, revient sur le débat en cours à propos de la collapsologie (" science de l'effondrement "), sur la définition de l'ère Anthropocène, et sur la notion alternative de Capitalocène proposée par Jason Moore. L'ère Anthropocène, c'est d'abord l'augmentation des taux d'entropie dans les domaines thermodynamique, biologique et informationnel. Dans le premier tome de Qu'appelle‐t‐ on panser ?, on avait soutenu que Nietzsche fut accablé par la thèse de l'entropie - et par celle, corrélative, de la mort thermique de l'univers. Dans La leçon de Greta Thunberg, il s'agit de panser au‐delà d'un blocage théorique qui s'est installé au cours du XXè siècle autour des notions d'entropie et de néguentropie. Si les pouvoirs publics aussi bien que privés ne font rien, malgré les coups de semonce du GIEC quant au changement climatique et de l'IBPS quant à la destruction de la biodiversité, c'est d'abord parce qu'ils ne savent pas comment faire. Il en va ainsi parce que le travail théorique préalable à ce comment faire - et pour répondre à la question que faire ? - n'a toujours pas été engagé. Contrairement à ce que prétendait Martin Heidegger, la science pense. On a cependant l'impression qu'elle ne panse plus, ou presque plus. Pour en comprendre les raisons, on proposera une interprétation du dernier ouvrage de Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion (1932), afin de montrer, d'une part, qu'il semble annoncer les immenses défis qui constituent l'enjeu du XXIè siècle (" L'humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu'elle a faits ", écrit‐il), et d'autre part que c'est en le lisant que l'on peut à la fois entendre Greta Thunberg et lui répondre : tout se passe comme s'il la voyait venir.