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Django le bâtard

Par Tepepa

Django il bastardo
Sergio Garrone
1969

Avec : Anthony Steffen
Ça fait plaisir de retrouver une jaquette DVD Evidis de temps en temps. Passons sur le fait que ce titre français Django le bâtard n’est pas le titre sous lequel le film est le plus connu, à savoir La horde des salopards. A vrai dire, le titre Django le bâtard étant plus proche du titre original, c’est pour une fois une bonne idée. On a ensuite, comme c’est souvent le cas, un résumé assez pitoyable : « Django se lance dans une chasse sanglante et sans répis, Il revient d’entre les morts tel le diable en personne se déplacant telle une ombre pour éxecuter sa vengeance ! » (fautes d'origine), suivi d’une accroche débile : « Antonio de Teffe incarne un Django brutal et froid, avec une gueule rasée aux couteaux ! La réponse italienne a Clint Eastwood ». Antonio de Teffe n’étant pas du tout rasé, fallait-il pour autant mettre couteau au pluriel ? Ensuite, si Antonio de Teffe est si peu connu qu’il faut préciser qu’il est « la réponse italienne à Clint Eastwood », peut-être eut-il mieux valu le nommer Anthony Steffen, pseudonyme américanisé sous lequel tous les amoureux de western spaghetti le connaissent ? Et pour compléter le tableau, notons comme d’habitude des photos tirées d’un autre film (Django défie Sartana) pour illustrer le tout. Du bon boulot qui a dû prendre au concepteur du bébé au moins un bon quart d’heure !
Passé le cap de la jaquette, la surprise est plutôt bonne pour ce film très réputé : l’image est belle et pas trop pan&scannée, le son est correct ! Youpi ! Merci quand même Evidis !
Django le bâtard, donc, arrivé jusqu’à nos mirettes précédé d’une réputation très flatteuse de western gothique, tient certaines de ses promesses, mais pas toute. Première promesse tenue, celle d’un Anthony Steffen égal à lui-même, le regard fatigué comme s’il n’avait pas dormi pendant le tournage, le coin des yeux et la commissure des lèvres pointant tout deux vers le bas vers la même ligne de fuite, comme un double smiley inversé. Vêtu tout de noirs haillons, Steffen n’exprime rien et ne dit rien, ce qui sied bien il faut le dire, à ce rôle de vengeur maléfique revenu semble t-il d’entre les morts. Anthony Steffen est mauvais, mais ça fait partie du jeu, et pour ça on l’aime bien.
Deuxième promesse tenue, le souci du détail et le soin de la réalisation. Cadrages réussi, utilisation intelligente de la musique, scènes incongrues et tout le toutim, les poncifs pleuvent comme les cadavres. Le scénario est à lui seul un poncif, Django décime tous les hommes de main les uns après les autres avant d’abattre le chef, le frère du chef est bien sûr un psychopathe multi-névrosé et Sergio Garrone (déjà réalisateur du moyen Une longue file de croix) fait bien attention à filmer une foultitude de détails qui ont leur importance ou non : un sabre, une bouteille de whisky, un révolver en cours de rechargement, un pistolero en train de pêcher. L’aspect gothique est souligné à grand renfort de musique appropriée, de scènes nocturnes et d’apparitions/disparitions de notre antihéros. Bref tout ça est fait dans les règles de l’art. Mais là ou le film ne tient pas toutes ses promesses, c’est dans la progression narrative. Le scénario étant connu d’avance, l’essentiel du film devrait se jouer sur une tension qui monte lentement jusqu’à son paroxysme, la folie des personnages et leurs secrets les plus inavouables se révélant alors. Rien de tout cela ici, ou à peine. Les dés sont certes jetés d’avance, mais les personnages ne semblent pas spécialement motivés pour échapper à leurs destins. Dès lors, leur sort ne revêt plus suffisamment assez d’importance pour adhérer totalement au film, comme on l’avait fait alors pour le similaire Et le vent apporta la violence. Et par ailleurs, à part deux ou trois scènes vraiment bien vues (l’exode forcé des habitants, la pendaison de Django), aucune innovation scénaristique ne parvient à vraiment faire de ce film autre chose qu’un exercice de style réussi. Django le bâtard déçoit donc légèrement, sans doute par comparaison avec l’idée que les multiples éloges des critiques avaient gravées dans nos têtes.

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