Elle fait poème de peu. Quelques syllabes entortillées ou déroulées, et voilà des mots qui se chevauchent ou s’évitent, rarement s’effritent, plutôt nous tirent par l’oreille pour nous dire autre chose que ce qu’on entend :
vous mangez trop
oui on a beaucoup d’inné
mais l’acquis ça profite à qui ?
à qui la propriété ?
quelle belle entrée !
vous mangez trop
oui on a beaucoup d’inné
Pascale Murtin était déjà bricoleuse de mots avant son accident de vélo. Mais d’en perdre l’usage ou d’en troubler le langage, c’était trop. Alors, elle s’est astreinte à s’exercer avec une volonté de fer, de faire : des vers en faire, assez brefs, s’efforcer de les dire, les chanter. Parfois on a l’impression que ce ne sont que jeux de sons. Et puis on sent qu’il y a toujours du sens, des sens.