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Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaire

Par Guillaume Atgé @GuillaumeAtge

Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaireA l’occasion de la sortie en bluray remasterisé 4K de la version “final cut” du réalisateur Richard Kelly, c’est le moment de redécouvrir le film – sorti en salle en 2001 – qui a révélé et lancé Jake Gyllenhal.

Donnie Darko est avant tout une poétique de l’Amérique pavillonnaire et une variation sur le thème de l’adolescence, racontée à travers le genre fantastique.

D’une part au sens classique du terme c’est-à-dire qu’on ne sait jamais si les événements surnaturels se produisent vraiment ou bien s’il s’agit du fruit de l’imagination ou du rêve du personnage principal.

D’autre part fantastique dans le sens de merveilleux, une plongée dans un monde onirique, avec pour leitmotiv hallucinatoire du héros des apparitions à la Lewis Carroll .

Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaire

Un héros qui à partir de sa situation d’adolescent perturbé incarne la possibilité de révolte et de questionnement face à un monde adulte figé, coincé dans des considérations d’arrière-garde, de bigoterie ou même de corruption et de nuisance à l’égard de la jeunesse.

L’adolescence est donc ici montrée comme un âge ou le rêve et l’émerveillement sont toujours possibles, parfois accompagnés par quelques adultes bienveillants mais  qui seront sans cesse rappelés à l’ordre par leur hiérarchie ou la force des événements.

Donnie Darko représente donc une opposition entre esprit de liberté et esprit de système et de cloisonnement.

Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaire

L’adolescence est donc initiation à la vie et traversée d’un désert affectif qu’il faudra combler. Mais le drame de Donnie Darko est que le temps joue contre lui, et pas d’une façon métaphorique mais d’une manière physique et c’est la que la Science-Fiction entre en jeu.

Le temps-espace commet une boucle, un paradoxe temporel,  qui évoque le concept d’éternel retour de Nietzsche. La forme narrative rejoint le fond narratif du film puisque l’âge de l’adolescence est l’âge du nihilisme par excellence.

C’est l’apparition de « L’univers tangent » qui se sépare de « l’univers normal ».

Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaire

Tout comme dans la philosophie nietzschéenne, le héros doit affronter sa propre finitude et sa destiné , épreuve difficile, celle de la lucidité totale sur sa condition, unique moyen de dépasser la médiocrité inhérente à l’homme ordinaire.

L’adolescence troublée se montre donc  bien plus créatrice et porteuse d’espoir que le monde cloisonné et rationnel qui l’entoure.

Donnie Darko ou l’éternel retour du désespoir pavillonnaire

L’autre notion traitée est celle du sacrifice, au sens antique du terme ou notre Cassandre adolescent est voué à sacrifier sa propre vie pour sauver les gens qu’il aime.

Ce qui démontre la capacité formelle de l’individu adolescent à s’affirmer au monde malgré ses doutes et sa vulnérabilité. A l’inverse de la réduction infantile dans laquelle l’univers des adultes veut l’enfermer.

C’est donc le sacrifice de la jeunesse et de ses forces créatrices par une société qui s’est depuis longtemps vidée de son sens à travers des formes figées et sans buts qui est la problématique centrale de Donnie Darko.

C’est un film très bien pensé,  ou la forme narrative vient renforcer le propos du film dans une mise en abîme qui le retourne perpétuellement sur lui-même.

Ce qui explique son succès et le fait qu’il soit devenu intemporel, véritable conte moderne, capable de nous toucher très profondément.

Il porte ainsi la marque des grands films.

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