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Toute la misère du monde.

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

Toute la misère du monde.Dans un village lointain, suffisamment lointain pour être banni des cartes, assiégé par l’océan et les montagnes, et dont les minuscules rivières tracent des ridules comme des cicatrices sur sa surface, vivait une fort jeune et jolie femme. Cela aurait pu constituer le début d’un conte, mais ce n’en est pas un.

Appelons Rose cette jeune femme, uniquement pour une raison de convenances. Rose partait chaque matin accompagnée par la douceur de la brise, imprégnées par la rosée des fleurs et bercée par le chant des coqs, vers ses belles prairies verdâtres, pour s’occuper de ses brebis, hérités d’un oncle mort avant l’âge d’une vilaine maladie disait-on au village.

Sa vie suivra son destin, elle épousera un homme fort qui la protégera, et dans les soupirs de la nuit elle se réveillera, pour apaiser les craintes de ses futurs bébés qui auront des joues roses et si possibles deviendront de grands gaillards.

Cependant par une belle nuit de printemps, alors que le vent charriait les fragrances des fleurs qui s’épanouissaient à la vie, elle se rendit compte qu’elle s’ennuyait.

Alors elle attendit patiemment les vents de l’automne, les premières averses de l’hiver, pour entendre une plainte qui lui apprit que la terre s’enlisait sans faire de bruit dans toute la misère du monde.

Elle résolut de devenir l’ambassadrice de la paix, mais comme elle n’avait jamais connu de frontières en dehors des limites de ses rêves, et des lisières de ses espérances, elle décida d’apprendre toutes les langues du monde et d’étudier également toutes les coutumes de tous les peuples.

De cette façon elle pourra s’adresser à toute l’humanité et se faire comprendre là où elle irait. Elle demanda aux étoiles les livres de la sagesse et une tempête les lui emmena.

Elle s’enferma dans sa maisonnette, et se mit à étudier tous ces livres aux couleurs éclatantes et aux symboles magiques.

Quand elle eut fini de lire tous ces ouvrages, elle ne se rendit pas compte que l’entreprise lui avait demandé cent ans de sa vie. Elle se regarda dans un miroir et constata que ses cheveux avaient perdu leur belle teinte d’or de la jeunesse qui ressemblait à la couleur du maïs, et que des rides avaient envahi son beau visage. Mais juste au moment où elle pensa qu’elle était enfin prête, elle fit un pas vers sa porte, mais ne put la franchir, car elle mourût en tenant dans ses mains le message qu’elle voulut adresser à tous les peuples du monde.

À première vue, on pourrait dire que Rose a gaspillé sa vie dans des chimères sans but. Mais si on considère tout l’effort fourni, et bien qu’elle n’ait point ressui, on peut affirmer qu’au contraire, sa vie fut bien remplie, parce que de tous ses efforts bien qu’impossibles, elle a ouvert une brèche dans toute la misère du monde.

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