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FILDAK : Livre, citoyenneté et présence africaine

Par Gangoueus @lareus
Comme je l’ai indiqué dans mon précédent billet, cette expédition à l’intérieur du Sénégal m’a posé de plain pied dans le thème de la Foire Internationale du livre et du matériel didactique de Dakar. Livre et citoyenneté. C’est un thème ô combien important. J’aime bien la réponse faite par un étudiant à propos du thème de cette foire du livre. 
FILDAK : Livre,  citoyenneté et présence africaine

Citoyenneté, lecture et émulation

La formation du citoyen dans ce monde post-moderne passe par l’accès à la connaissance et à la découverte de l’autre par le biais de toute lecture. Difficile quand on sait toutes les sollicitations qu'un lycéen ou un étudiant doit faire face sur Internet. Or tout ce que j’observe depuis que je suis à Dakar tourne de cette valorisation de l’accès au savoir et son exploitation. On récompense les meilleurs élèves, les meilleurs auteurs, les meilleurs éditeurs. Chaque fois en y mettant la forme. Il y a un culte du mérite et du challenge qui est entretenu ou qui a été relancé ces dernières années. C’est ce que me souligne la journaliste Nafisaer en évoquant sa scolarité. Emulation donc. Aux premières loges, j’ai assisté à la remise de différentes récompenses. Prix Aminata Sow Fall. Prix Alioune Diop. Prix Camara Laye. Hommage à Amadou Lamine Sall et à Rahmatou Seck Samb. Prenons le prix Aminata Sow Fall  de la créativité qui récompense un manuscrit de jeunes auteurs sénégalais. Dans une cérémonie rehaussée par la présence du représentant du ministre de la culture et de l’information, de la grande romancière Aminata Sow Fall, du représentant de l’OIF ou encore du directeur du livre, Khalil Diallo a obtenu cette récompense accompagnée d’un chèque d’un million de francs CFA. Ce jeune auteur a été remarqué pour son roman A l’orée du trépas (finaliste du Prix Orange du livre Africain 2019, finaliste du Prix Ahmadou Kourouma 2019). Le discours d’Aminata Sow Fall pour l’occasion fut particulièrement engageant et il est difficile de ne pas y voir une forme de passage de relais entre ces deux écrivains. Lors de la même cérémonie, les Nouvelles Editions Ivoiriennes - CEDA ont obtenu le Prix Alioune Diop de l’édition. J’ai noté une réaction dans la salle d’un auteur en attente de ses droits d’auteur qui regrettait, le mot est faible, que des critères d’éthique plus rigoureux ne soient pris en compte dans la sélection des lauréats. Dans ce contexte, j’aimerais souligner que le Grand prix du chef de l’état pour les lettres et les arts a vu sa dotation passer de 10 à 20 millions Francs CFA. Ce n’est pas une petite somme. 30000 €(1). C’est l’un des prix littéraires les mieux dotés de l’espace francophone. On attend impatience le lauréat de cette année. 

Ecrivons en Ouolof, en poular...

J’arrive donc au CICES. Ce samedi, dans le premier pavillon, un peu à la marge je tombe sur un stand des éditions EJO. Ca m’intéresse puisque c’est l’éditeur de Boubacar Boris Diop pour ces oeuvres écrites en wolof. Naturellement, j’engage la discussion pour en savoir plus sur la réception des textes publiés en langue wolof mais aussi en pouhlar. Mon interlocuteur, passionné par les langues locales sénégalaises, est assez objectif sur le fait que peu sont formés à la lecture en wolof. C’est néanmoins un terrain à occuper. Il faut noter que la Fildak a consacré une journée aux langues sénégalaises. Petite précision, pour les non sénégalais, le wolof est une langue vernaculaire qui est très présente dans l’espace publique. La veille, au colloque, un responsable d’un centre de formation de Touba a donné son allocution en wolof.     

Présence Africaine à Dakar

J’arrive au grand espace où la plupart des stands des éditeurs. Mon premier constat est qu’il n’y a pas grand monde. Bon, mes références sont Alger et Paris. On verra dimanche s’il y a plus de public, me dis-je. J’ai le plaisir de tomber sur le sourire de Marie Kattié qui anime le stand de Présence Africaine. Marie est l'attachée de presse de la mythique maison d'édition. Ca faisait quelques années que l’éditeur parisien n’était présent à la Fildak. C’est un retour réussi puisqu’aux dires de Marie, Présence Africaine  a épuisé ses stocks suite à des commandes de librairies. Leur stand est nettement le plus engageant et il faut dire que chez eux que le public sénégalais a pu rencontrer Djibril Tansir Niane, Cheikh Aliou Ndao ou Fadel Dia qui sont auteurs historiques. Marie Kattié se réjouissait d’un moment de poésie, que j’ai loupé, qui a été un des très bons moments de la Fildak. Toujours chez Présence Africaine, j’ai assisté à une rencontre littéraire le lundi matin avec Ken Bugul, animée par Andrée-Marie Diagne Bonané (2). Une centaine de lycéens présents pour échanger avec la grande romancière sénégalaise. J’assiste à cette rencontre préparée, puisque plusieurs extraits de romans vont être lus par des lycéens. J’avais discuté avec la romancière qui était épuisée car elle était rentrée la veille de Ouagadougou où elle avait assisté au salon du livre (on se demande pourquoi les directions du livre africaines organisent leurs événements au même moment. La lecture de ses textes l’a requinqué. Dans le fond, je réalise le cadeau que Mme Diagne Bonané fait à Ken Bugul. Je me rends compte, que ces auteurs ont besoin de cette interaction et nul part ailleurs, une telle rencontre est possible. C’est émouvant. Ken Bugul parle du Baobab fou. Je pense aux baobabs que j’ai vus sur le route de Kaolack. C’est sa région. Elle répond à la question de la symbolique de l’arbre dans ce roman.
Ken Bugul explique un aspect de son roman Le Baobab fou qui la rend encore plus exceptionnelle et insaisissable à mes yeux. La pâte de son fameux premier roman, c’est Dakar. Dans cette auto-fiction, j’avais toujours pensé que la phase destroy du roman se déroulait en Europe, en Belgique je crois. Non. Tout s’est passé à Dakar. La narration, la fiction autorise tout. La force du romancier, c’est de nous balader. En même temps, si elle ne prenait pas cette forme, ce texte n’aurait pas été publiable au Sénégal… Il faudrait une relecture du Baobab fou à la lumière de cette révélation.
FILDAK : Livre,  citoyenneté et présence africaine
J'aimerais évoquer une rencontre avec Hamidou Anne toujours au stand de Présence Africaine. Jeune fonctionnaire sénégalais, doctorant en sciences politiques à l'université Gaston Berger de Saint Louis, il a été chroniqueur à l'Afrique des idées et au Monde Afrique. Nous avons échangé sur son essai Panser l'Afrique qui vient (3).
S’il n’y a pas foule, je fais de belles rencontres. Comme Sokhna Benga par exemple au stand de l’éditeur parisien Teham qu’anime avec beaucoup d’implication l’écrivain Mamadou Samb que j’avais rencontré au salon de Paris. L’écrivaine présentait son nouveau roman L’or de Ninkinanka (4). Je vous encourage à découvrir les soundclouds que nous avons autour de ce roman et de Bris d’ombre (Ed. L’Harmattan Sénégal). 
Dans le dernier volet de mes notes sur la FilDak, je vous présenterai des acteurs du livre au Sénégal. Je compte sur vous.
(1) Source Tambaactu
(2) Andrée-Marie Diagne Bonané est docteure es Lettres, responsable d'associations de professeur.e.s de français, animatrice d'émissions littéraires et d'ateliers d'écriture au Sénégal.(3) Soundcloud avec Hamidou Anne
(4) Soundcloud avec Sokhna Benga

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