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Plus de 30 terroristes ont été « neutralisés » au Mali. Le mot est passé dans le langage courant des communiqués officiels et du journalisme qui s’y est plié, le petit doigt sur la couture du pantalon, les pudeurs collectives sont préservées et l’État ne fait pas figure d’assassin. (Cette réflexion, et les lignes qui suivent, ne constituent pas un jugement moral sur le bien-fondé de la « neutralisation » de terroristes ou d’autres criminels, qu’ils soient passés à l’acte ou susceptibles de le faire. Seulement une inquiétude sur l’usage des mots.) Donc, on « neutralise », et cela passe sur l’opinion comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo sans risques de rapports directs avec la réalité de souffrances, de sang qui coule, que sais-je… Bien sûr, ce serait différent si on disait : Plus de 30 terroristes ont été abattus au Mali. Plus de 30 terroristes ont été tués au Mali. Plus de 30 terroristes ont été mis hors d’état de nuire au Mali. Plus de 30 terroristes ont été exécutés au Mali. Plus de 30 terroristes ont été anéantis au Mali. Plus de 30 terroristes ont été exécutés au Mali. Plus de 30 terroristes ont été abattus au Mali. Plus de 30 terroristes ont été éparpillés par petits bouts façon puzzle au Mali. (Moi quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile…) Etc.