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Introspection musicale avant l'année 0

Publié le 31 décembre 2019 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Depuis ma naissance il y a bientôt 37 ans, j’ai connu trois années 0 et je vais connaître la quatrième dans quelques jours. J’ai remarqué que les décennies où j’ai pris conscience de mon développement – c’est-à-dire les années 1990, 2000 et 2010 – ont toutes le même schéma : une année 0 en pétarade, des années de 1 à 5 émotionnellement très éprouvantes et les cinq années suivantes pour m’en remettre. Et je pense que ça a aussi à voir avec mes changements de dizaines d’années en âge et les deux années suivantes qui sont généralement pas top.

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Bref, j’attends 2020 avec impatience. Pourquoi ? Parce que comme en 2010, comme en 2000, comme en 1990, j’espère que des accomplissements de vie vont s’amorcer. Mettons en parallèle les années 0 dans mon existence :

  •  À l’âge de 7 ans, je prends l’avion pour la première fois direction l’autre bout du monde, et ce n’est pas rien. Je découvre à la fois des paysages paradisiaques et d’autres qui le sont moins, des fruits délicieux et des trucs consommables à l’aspect bizarre, des couchers de soleil, des bancs de poissons multicolores, des cascades dans la roche, une p*tain de conjonctivite, une peau tellement bronzée associée à des cheveux tellement épais, longs et noirs qu’une dame au retour a demandé à ma mère si elle m’avait adoptée sur place, et enfin l’Euromarché de Papeete que ne renierait pas l’aménagement actuel du gros Tang Frères de l’avenue d’Ivry. Bref, pour une première introduction aux voyages exotiques, croyez-moi que j’ai été dépaysée.
  • À l’âge de 17 ans, je vis l’été de tous les possibles avec l’obtention de mon baccalauréat, les soirées de lycéens chez Cecco, cette semaine complètement folle à quatre copines qui est allée de mon inscription à la fac jusqu’à Brest et ses expositions de bateaux, cet improbable mois allemand, mes premières soirées étudiantes et j’en passe. Bref, une sacrée année.
  • À l’âge de 27 ans, je commence ma décennie en prenant ma première décision mature sur le plan sentimental, je loue mon premier appartement avec mon propre salaire et je « savoure » la finalité de mon premier projet professionnel d’envergure. De surcroît, je rencontre la Siamoise, ce petit bout de femme qui m’a tant fait évoluer.

Même si je sais que j’arrive à un âge vénérable où, si les cycles de vie se perpétuent, c’est qu’on n’arrive pas à avancer en tant qu’adulte, j’avoue que 2020 me thrille déjà bien quand je pense aux projets que l’on a déjà établis avec le Mari. Et même si, fin 2009, j’avais déjà des projets professionnels et personnels bien en place qui m’attendaient en 2010, je ne me souviens pas, d’une part, être aussi sereine dans mon existence, d’autre part aussi enjouée concernant l’année 0 en devenir.

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Passons maintenant cette décennie 2010 au crible des chansons et des souvenirs qui l’ont émaillée.

2010

Après donc une année 2009 émaillée de concerts, de voyages en Italie et en Irlande, de vie de couple neuneue et de signature de CDI, 2010 aura donc été celle du retour au célibat, de la première grande réalisation professionnelle donc, et du premier ratiboisage de cheveux au grand dam de ma mère. C’est l’année du rendez-vous manqué avec The Gossip, dont l’album Music For Men tournait en boucle dans tous mes supports, et ce, malgré deux concerts programmés à Paris dans l’année. Par contre, j’ai pu offrir un joli cadeau à ma sœur en la faisant retrouver Skunk Anansie au mois de septembre, merci Oüi FM déjà à l’époque. Mais surtout, je vivais ma première fête de la musique en tant que musicienne et croyez-moi que ce fut épique.

La chanson : Mark Ronson & Business INTL. Feat Miike Snow & Boy George – Somebody To Love Me

J’avais participé au projet Orange Rock Corps en me gelant le cul un après-midi d’automne à « nettoyer » le parc interdépartemental du Val-de-Marne. Le principe était le suivant : tu participais à une action d’utilité publique proposée par Orange – et j’étais mal tombée, croyez-moi – et tu assistais à un concert gratuit organisé au début du mois d’octobre 2010 au Zénith. J’avais donc vu VV Brown (totalement disparue de la circulation et c’est bien dommage), Sexion d’Assaut (certes), N.E.R.D. (sympa) et donc Mark Ronson qui a déterré Boy George du saloir pour un projet plutôt cool.

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2011

De nouvelles aventures sentimentales qui ont fait long feu (le temps d’un été donc) m’ont fait explorer des univers musicaux qu’il n’aurait pas fallu ne serait-ce qu’effleurer – assumerai-je un jour m’être extasiée une nuit de printemps sur un banc de l’arrêt de bus du 76 à Châtelet sur Van Der Graaf Generator ? Bref. C’est aussi une année qui a soldé une partie de l’héritage musical de mes années 2000, entre le décès prématuré d’Amy Winehouse et le suicide artistique de Coldplay, choses dont je me remettrai jamais (comme le fait d’avoir écouté du Peter Gabriel en allemand, décidément, mon cher galant s’est révélé être un monstre). Enfin, c’était l’époque où je rôdais mon attitude de vieille connasse et où je disais pis que pendre sur Lana Del Rey, dont j’ai dû réévaluer la qualité artistique à la hausse à la lumière d’une production by Dan Auerbach, mais on y reviendra en temps voulu. Et grâce à Orelsan et 1995, je me remets au rap de manière insidieuse.

La chanson : Metronomy – The Bay

Je résumerai donc mon année 2011 musicale à The English Riviera, deuxième album du groupe offert part le galant de l’époque après une avant-première cauchemardesque de Melancholia de Lars Von Trier où je dus en être évacuée manu militari. Preuve que, s’il avait des goûts qui n’étaient pas en accord avec les miens et que notre couple a vite divergé, il pouvait aussi avoir un cœur.

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2012

Ambiance fin du monde (qui était prévue le 21 décembre) et fin d’époque. J’ai 29 ans, âge où ma mère m’a conçue, donc je me pose beaucoup de questions sur ma vie. Arriva cet accident qui, avec le recul, chamboula ma vie entière en faisant remonter certains traumatismes. C’est l’une des années qui me sera le plus difficile de résumer, tant après deux années personnelles assez remplies, le fait d’avoir l’occasion de faire un bilan de ma vie est compliqué à gérer. Si je devais retenir un bilan musical de l’année, c’est la fameuse année où je me suis garantie d’aller voir au moins un concert par an avec la Siamoise, tradition que j’ai tenue jusqu’en 2017. L’année 2012 marque enfin ce moment merveilleux de ma vie où j’ai pu interpeler des animateurs radio via Twitter et où j’ai pu rencontrer des personnes avec les mêmes goûts musicaux que moi. Je vous assure, encore 7 ans après, que ça a changé ma vie.

La chanson : Foster The People – Pumped Up Kicks

Pas de Gangnam Style, pas de Muse, pas de chansons parlant de l’apocalypse maya ni même les deuxièmes albums de The XX ou de Charlie Winston, mais une chanson qui a vraiment marqué l’époque à base d’une mélodie mélancolique et d’un sujet absolument dégueulasse (en gros, on parle de chanteurs qui se mettent dans la peau de tueurs de masse dans un lycée). Alors OUI, je sais que c’est sorti en 2011, mais ça a rythmé toute mon année 2012, voilà.

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2013

30 ans, la réalisation d’un de mes plus grands rêves de voyage – n’importe où en Asie, ç’aurait dû être le Vietnam ou le Japon, mais ce fut Singapour et Bali, ce fut quand même cool –, une grosse crise existentielle pendant l’été, QUAND SOUDAIN.

Depuis, force est de constater que ma consommation musicale a changé, que ce soit en termes de quantité ou de qualité. Car oui, ce n’est pas facile de partager la vie avec un homme, certes trèèèès cultivé en termes de musique rock et folk, mais extrêmement obsessionnel. J’en veux pour preuve qu’on a décortiqué ce lundi 30 décembre 2019 les BluRay inclus dans le coffret de l’album Imagine de John Lennon, parce que c’était nécessaire d’écouter le mix quadriphonique ou les constructions de studio d’un album que je connais déjà par cœur. Je me trouvais pédante dans ma jeunesse, je le suis devenue davantage aux côtés de mon Mari.

La chanson : Jake Bugg – Seen It All

Si je devais choisir une seule chanson pour 2013, j’aurais l’embarras du choix, tant le fait d’écouter en boucle Oüi FM a largement développé mon univers musical à l’époque. Mais je choisis cette chanson qui là aussi allie mélodie « guillerette » et sujet dur (un mec qui vit de petits larcins se voit pénétrer dans la propriété d’un grand nom du banditisme où il se fait tuer) parce que je la chantais en boucle avec le Mari à nos débuts. Depuis, nous nous sommes pris d’affection pour cet artiste au point d’encore suivre sa carrière à l’heure actuelle.

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2014

Annus Horribilis. Je porte le deuil de mon père, ainsi que de ma carrière dans l’édition, alors qu’elle avait commencé sur les chapeaux de roue entre mes fiançailles, l’achat de mon appartement et un projet professionnel en béton. Musicalement, je suis ce qui se passe à la radio et je commence avec la vie commune à comprendre que je ne pourrai plus me contenter d’écouter simplement une chanson. Je dois désormais TOUT savoir sur la chanson, qui l’a enregistrée, comment elle est née, comment elle a évolué… J’ai ainsi découvert que je ne connaissais rien des Beatles. Et pourtant, les Beatles.

La chanson : Hozier – Take Me To Church

Parce qu’il fallait une chanson poisseuse pour résumer cette année où mon monde s’est écroulé, et qu’il était impossible d’associer Prayer In C de Lily and the Prick feat. Robin Schulz et encore moins Sky In The Star de Coldplay – quand je disais pour 2011 que je ne m’étais jamais remise de leur suicide artistique, je ne déconnais pas. Budapest de George Ezra et Curucucu de Nick Mulvey passaient trop en boucle et je ne comprenais pas la hype autour de Christine And The Queens et Frero Delavega. Hozier, en faisant une chanson vraiment mélancolique avec un clip correspondant mêlant des thématiques brûlantes, a vraiment tout étudié pour fait pour faire un hold-up sur 2014.

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2015

Après une année aussi catastrophique que la précédente, il fallut se réinventer. C’est ce que j’ai fait en me mariant, en me produisant devant 80.000 personnes (mais avec 500 personnes avec moi) et en devenant fonctionnaire, et ce dans un contexte général anxiogène fait d’attentats. Je devais voir certaines idoles – les Foo Fighters en l’occurrence –, mais ce fut l’occasion de faire plaisir au Mari en voyant Noel Gallagher par deux fois. Mon vrai kif musical s’est déroulé en fin d’année, quand j’ai réussi à voir Laurent Voulzy, dont j’adore le répertoire depuis ma plus tendre enfance.

La chanson : Francis Cabrel – Partis pour rester

Le grand Francis, pour son retour, a signé une chanson sur l’amour à l’épreuve du temps tellement puissante que je l’ai citée dans mes vœux d’union. Il ne fallait pas m’en demander trop niveau nouveautés pour l’année 2015 car : 1. Il fallait me rétablir psychologiquement et émotionnellement, c’est donc passé par le réconfort et les vieilles marottes musicales 2. Je ne me suis mise à réécouter la radio que lorsque j’ai retrouvé du travail, donc à partir de septembre 2015. J’aurais pu citer sans ça Go des Chemical Brothers, He Is de Ghost ou encore Just Need Your Love de Hyphen Hyphen, voire The Avener. Mais Francis FTW.

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2016

C’est une année de relatif repos et de consolidation des acquis après deux années personnelles très très pleines. Ca tombe bien, parce que, musicalement, 2016 aura été une année où la pop culture aura été extrêmement éprouvée, en commençant dès le 28 décembre 2015 avec la mort de Lemmy Killmister. Qui aurait pensé qu’on allait perdre dans la même année Michel Delpech, David Bowie, Prince, Leonard Cohen, George Michael, j’en passe et des meilleures ? 2016 aura vu aussi des retours pétés – le Mari rigole encore du retour des Stone Roses et je me facepalm de celui des Rolling Stones – et de petits trucs fondants.

La chanson : Rag’N’Bone Man – Human

Qui dit donc année « calme » – j’ai quand même changé de poste à mon corps défendant – dit réflexion sur ma vie. Et quoi de mieux que cette chanson qui invite à relativiser sa place dans le monde pour caractériser mes réflexions.

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2017

J’ai repris des forces et je me mets donc à vouloir évoluer professionnellement, ce que je fais laborieusement durant l’été. J’arrive ENFIN à voir les Foo Fighters au mois de juillet – ce qui va bien avec mon trip régressif à base de j’ai 2*17 ans – et je me réconcilie durablement avec Radiohead suite à la sortie d’OK Computer OKNOTOK, à savoir un add-on de l’album original avec des titres non retenus. Et puis des légendes de la musique ont disparu, que ce soit, Johnny Hallyday, Chuck Berry, Chris Cornell (Soundgarden/Audioslave), Tom Petty ou Chester Bennington (Linkin Park). 2017 a aussi marqué l’explosion d’Ed Sheeran, qui est moins guimauve mais tout aussi relou que James Blunt à son époque à force de se retrouver dans tous les bails (et pourtant, je me surprends à aimer Ed Sheeran au premier degré).

La chanson : Noel Gallagher’s High Flying Birds – Holy Mountain

Chanson tellement emblématique de l’année qu’elle est devenue la sonnerie de portable du Mari, elle désigne pour notre couple la victoire par K.O. du grand frère sur le petit qui sortait son premier véritable album solo durant la même période. Noel Gallagher a de surcroît accompli cet exploit tout en reformant quasiment Oasis et en recrutant une Française arty partie faire carrière outre-Manche pour faire des percus avec une paire de ciseaux. Elle a été mise en concurrence avec Hearts That Strain de Jake Bugg (qui a essuyé les lazzi de la critique sur ce quatrième album qui n’en méritait pas autant), Run de Foo Fighters (qui était un choix plus personnel), Perfect d’Ed Sheeran (quand je décide d’être neuneu) et I Promised de Radiohead (quand je vous dis qu’OKNOTOK m’a réconciliée avec le groupe).

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2018

Qui dit GROSSE réalisation personnelle – en gros, l’enregistrement de mon album –, dit combo de mauvaises surprises de la vie – un accident de bus qui, comme d’habitude, m’oblige à réfléchir à mon rapport au corps et le deuil d’une personne très importante dans ma vie. 2018 n’a donc pas été de tout repos, mais heureusement qu’on est à la mi-décennie en termes d’âge, ça permet de faire passer la pilule plus vite. J’ai de surcroît la bonne idée de rester professionnellement stable pour au moins cinq ans, ça me permet de me consacrer davantage à ma vie personnelle. Comme j’ai 35 ans, les découvertes musicales d’envergure ne se font pas forcément instinctivement, on va dire, mais grâce aux élèves et aux collègues plus jeunes que je côtoie.

La chanson : Aya Nakamura – Djadja

J’en connais un qui va me pourrir de ne pas avoir mis Greta Van Fleet comme découverte majeure de 2018, mais comme je lui signifie depuis le début de la rédaction, c’est moi, bordel de m*rde, qui rédige le papier. Et puis c’est certes sympa, Greta Van Fleet, mais quitte à écouter du Led Zeppelin, autant écouter du Led Zeppelin. Je choisis donc Aya Nakamura parce que mes collègues ont fortement forcé avec Comportement dès le mois d’avril 2018 et que Djadja a objectivement été le carton de l’année. Déso pas déso.

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2019

J’ai commencé l’année en faisant un concert devant 7 personnes avec de la musique pas très formatée grosse ambiance, je finis l’année en faisant un concert dantesque avec des collègues surmotivés et un répertoire complètement fou. Mais surtout, comme 2019, à l’image de 2009, m’a lancée des défis personnels surburnés et très ardus, j’ai décidé comme en 2009 d’être hédoniste et philosophe, ce qui fait que j’ai passé bizarrement une bonne année à faire du self-care et de la consolidation d’acquis. Malheureusement, ça veut dire que je n’ai pas faire de grosses découvertes musicales au top, mais à vrai dire, à mon âge, on s’en bat un peut les steaks. Car qui dit pas d’actualisation de la palette musicale ne dit pas forcément non-renouvellement de la palette. Car on a profité de mon retour à Rock en Seine 10 ans après la catastrophe pour découvrir Jeanne Added et Johnny Marr, ainsi que réévaluer The Cure.

La chanson : Mark Ronson feat. Miley Cyrus – Nothing Breaks Like A Heart

Alors oui, c’est compliqué d’associer une bonne année à une chanson de rupture marquée par la collaboration de deux divorcés dans l’année, mais je n’ai pas trouvé ça pertinent non plus de l’associer à Au DD de PNL ni à Bim Bam Boom de Carla. Mais, comme je l’ai prouvé en 2010, Mark Ronson transforme tout ce qu’il touche en or, que ce soit ma regrettée Amy Winehouse, Boy George, Bruno Mars ou une fille aussi éloignée de  mes goûts musicaux que l’interprète de l’horripilant Wrecking Ball. Si Si j’avais dû résumer ma situation personnelle, j’aurais associé le formidable Bien sûr de Jean-Louis Aubert qui a été décrété par le Mari comme le nouvel hymne de notre amour, étant donné ce qui nous tombe sur le coin de la gueule et ce qui nous attend pour la décennie à venir.

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Bref, comme tous les ans, je vous souhaite que cette décennie vous soit prospère malgré les difficultés. Que 2020 vous soit musicalement propice et que toutes vos aspirations artistiques puissent trouver un écho. Joyeuse année 2020 et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales.


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