Marinette Cueco, par Henri Cueco
Demi-sommeil, rêve éveillé :
Que sera notre ballade aujourd’hui, consacrée aux plantes toxiques ? Je porterai le sac comme à l’ordinaire, j’aurai mon bâton. Nous rencontrerons des plantes effrayantes, des inconnues ou des fleurettes banales, des sournoises qui joueront la séduction, des «tu viens chéri», les plus dangereuses, des baies rouges ou dorées, des lianes sinueuses, des graines-bijou...
Je marcherai devant et je m’arrêterai au signal de Marinette, je tiendrai le sac pour y enfourner le poison sans le toucher ni même trop le regarder. Je me méfierai des maléfices. Je transporterai dans ma bauge des radicelles qui peuvent vous occire recta, d’autres qui en tisanes vous tortillent de coliques, vous liquéfient. Il y aura aussi des décoctions secrètes à préparer en cachette. Marinette me montrera les belles hampes à clochettes de la fameuse Belladona tant redoutée des rois, des évêques, des papes entraînés à supporter la potion.
Je penserai : « avec la cuisine de ma mère, j’aurai pu demeurer pape »
Après ces réflexions, comme je m’éveillais, j’étais assis sur un lit, entortillé dans un drap, entouré d’amis et l’un d’eux me tendait une coupe pleine d’un breuvage verdâtre que je devais déglutir cul-sec : la ciguë ; mais c’était Marinette qui m’apportait une tasse de thé.
« Alors, on la fait cette cueillette ? Debout ! »
(…)
Un autre jour, ils sont allés dans les sempervirens.