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le sarkozysme reste une maladie intellectuellement transmissible : la preuve par Xavier Darcos

Publié le 18 juillet 2008 par Kamizole

xavier-darcos-sarkozysme.1216338834.jpgXavier Darcos s’est fendu d’une “point de vue” dans le Monde d’aujourd’hui… Un vrai tissu d’inepties sans nom et de contre-vérités… Le titre à lui seul est à se taper le cul par terre !

Le sarkozysme est l’allié de l’école, par Xavier Darcos
LE MONDE | 17.07.08

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Le “sarkozysme”… comme s’il s’agissait d’un système de pensée ou mieux d’une philosophie ! Kant, Spinoza, Descartes peuvent aller se rhabiller… Nicolas Sarkozy dépasse d’une tête (les talonnettes y aident certai-nement !) Alain, Bergson et bien d’autres. Il a déjà essayé d’annexer, avec le succès que l’on sait ! Edgar Morin et sa “politique de civilisation”…
Je ne peux que m’interroger : comment un agrégé de lettres classiques (dont Sarko veut la disparition : pas assez rentable !) peut-il adhérer à une vision si restrictive de la culture et de l’enseignement (surtout venant d’un inculte notoire !)…
Xavier Darcos énonce les 3 points de la “rupture” sarkoïdale et ne craint nullement le ridicule en osant parler du “projet éducatif” de Nicolas Sarkozy… Comme si l’éducation relevait des prérogatives du président de la République et s’il avait quelques compétences en la matière !

  • Assumer la liberté des élèves d’aller à leur rythme vers la réussite
  • reconnaître et valoriser le mérite des enseignants
  • accroître la place des parents au sein de la communauté éducative
  • La liberté des élèves ? Irait-on vers l’enseignement “à la carte” ? c’est pratiquement ce qui serait proposé par Xavier Darcos aux lycéens… on retombe dans la connerie d’Allègre et de son fameux questionnaire (démarche totalement démago-gique) aux lycéens… La réussite assurée avec le moins d’efforts possibles. On se souvient qu’Allègre souhaitait la disparition de la si difficile dissertation… En avant pour les QCM ! Mais les bacheliers la retrouveront en fac, et cette fois sans échappatoire possible.
    Selon Xavier Darcos les lycéens seraient plus lucides, comme le montrent leurs demandes : plus d’encadrement, plus de soutien, plus d’aide à l’orientation… Je ne peux m’empêcher de penser à une jolie formule énoncée par Pierre Bourdieu dans un de ses remarquables ouvrages sur l’éducation et la sélection : les enfants des classes populaires - très souvent orientés vers des filières courtes par des enseignants ayant intégré une vision élitiste - prendraient “la réalité pour leurs désirs”
    A cet égard, déplorant l’étiolement de la filière littéraire… il se réfère à la “stratégie de Lisbonne” qui consacrerait la nécessité d’élever les qualifications… Peut-on attendre d’une Union européenne toute préoccupée uniquement de commerce et fort peu de culture (si ce n’est que très “sonnante et trébuchante” pour le seul grand bien des “majors” des médias) qu’elle s’intéresse aux filières non rentables ni utilitaristes ? Hors des voies margoulinesques, point de salut !
    Irons-nous vers la quasi disparition de la filière littéraire ? En effet, dans un tel système qu’aurions nous besoin de littérature (ancienne comme moderne), de philosophie, de sciences humaines, d’histoire et de géographie ? Autant d’enseignements sacrifiés depuis fort longtemps sur l’autel du profit… Il suffit de voir combien le nombre d’heures qui y étaient consacrées a fondu comme neige au soleil, du CP à la Terminale. Ces matières ont de surcroît le très grand désavantage (pour les patrons qui rêvent de dicter les programmes et leur contenu) d’ouvir l’esprit - forcément critique ! très dangereux ça…
    Or donc, pour y parvenir, Xavier Darcos veut transformer le lycée qui devrait rester “napoléonien” dans son lien historique avec l’université (quel verbiage !) mais ne plus l’être dans son organisation… Grand chamboule-tout ! Mais c’est, il l’avoue, les lycéens qui le souhaitent… Vox populi vox dei.
    Xavier Darcos nous prendrait-il pour de parfait cons ? Aller à son rythme… Il faut porter cette bonne parole aux élèves (et aux enseignants) qui galèrent dans des classes surchargées où ceux qui sont largués le sont définitivement. Il a beau nous parler de “stages de remise à niveau” pendant les vacances pour les élèves de CM1 et de CM2… Pourquoi eux seuls alors qu’il est évident que tout se joue dès le CP ?
    Les classes seront d’ailleurs encore plus surchargées puisque Xavier Darcos vient d’annoncer la suppression de 13500 postes dans l’enseignement en 2009… C’était déjà la quadrature du cercle à moyens constants mais cela deviendra un véritable travail de Sysiphe pour les profs. Quand et comment prendraient-ils le temps d’un “accompagnement personnalisé” ? Xavier Darcos et son mentor devraient quand même arrêter de se foutre aussi visiblement de notre gueule !
    Je ferais de surcroît remarquer que des périodes de “remise à niveau” pendant les congés scolaires sont pratiqués depuis belle heurette dans certains collèges (je ne sais si actuellement c’est toujours le cas) avec des résultats convainquants.
    Comment peut-on, sans rire, présenter la suppression de la carte scolaire comme une victoire de l’égalité des chances ? Certes, elle était largement contournée par les parents qui en avaient les moyens ou parfois, préféraient déménager pour se rapprocher d’un établissement plus prestigieux.
    Je crains qu’hélas le choix n’en soit que plus facilité pour les familles qui ont l’ambition scolaire comme seule pensée et stratégie… Xavier Darcos l’énonce lui-même : «Elles ont désormais le droit de choisir leur établissement scolaire, dont elles pourront connaître les performances».
    C’est moi qui souligne : cette perpétuelle manie de “classer” ! Rançon de l’ultra-libéralisme et de la mondialisation… Tout devenant objet de classement selon des critères qui trop souvent ne sont guère objectifs, plutôt sujets à caution. Sans même parler des établissements du haut du panier qui éjectent sans autre forme de procès les élèves qui feraient tache dans le tableau… Voilà pour “l’accompagnement personnalisé” voulu par Nicolas Sarkozy et c’est sûrement ce qu’il nous faut entendre par “progrès partagé” !
    Incontestablement, Xavier Darcos ne manque pas d’air quand il se réjouit que «notre société ait réussi la massification de son école» mais qu’il déplore que «massification n’est pas démocratisation».
    A considérer les forts taux d’échec scolaire (quand des élèves sortent du primaire en sachant à peine lire…) la massification est loin d’être un succès. Surtout si l’on se réfère aux succès des “hussards noirs” de la République, les instits de Jules Ferry, lesquels devaient mener au certificat d’études des cohortes d’enfants dont les parents bien souvent ne savaient ni lire ni écrire et qui plus est, n’avaient pas le français comme langue véhiculaire.
    L’absence de démocratisation doit beaucoup à ces échecs. Et à mon humble avis (de non-enseignante) tout le mal actuel est venu du “collège unique” de la réforme Haby (?). La meilleure preuve en étant, que presque consécutivement, ont été créées des “classes poubelles” pour les enfants qui ne suivaient pas…
    Il faudrait donc poser la question de la place qui revient aux personnes (l’élève, le maître, les familles) dans cette “vision globale” (qu’il prête, sans rire ! à Nicolas Sarkozy…).
    Il s’en prend (à juste titre) au “pédagogisme” mais je ne vois rien dans ses propos qui en diffère essentiellement, si ce n’est qu’une fois le reproche énoncé d’avoir voulu mettre “l’enfant au centre” du système éducatif (alors que, selon moi, ce sont les savoirs qui doivent être centraux) l’argumentation tourne court et finit par ne proposer que la même chose :
    après avoir énoncé que «La réussite d’un élève, pourtant, n’a rien de mécanique. Elle résulte du savoir-faire de ses enseignants, des efforts qu’il produit, de la stabilité et du soutien qu’il reçoit dans son environnement familial et social»… ou l’art d’enfoncer une porte largement ouverte ! Il conclue en énonçant que «chaque élève est un cas singulier. Aussi la personnalisation de l’enseignement voulue par Nicolas Sarkozy est une véritable révolution pédagogique et sociale, puisqu’elle permet de donner plus à ceux qui ont moins».
    Cette formule s’inspire de la dialectique sarkoïdale déjà à l’oeuvre dans “travailler plus pour gagner plus”. Même démagogie : tout en supprimant moult moyens matériels et humains, demander l’impossible !
    J’ai peut-être grand tort de penser ainsi mais je considère depuis fort longtemps que la place accordée aux parents dans l’Educ-nat (notamment les associations de parents d’élèves) est déjà bien trop importante. Ils ne feront jamais partie de l’équipe éducative… A chacun son job ! En outre, s’y investissent les parents les plus motivés par la réussite de leurs enfants et qui disposent en général d’un capital culturel en conséquence… Qui parlent et décident au nom des autres, en fonction de leur habitus social et de leurs ambitions. Seraient-ils pour autant qualifiés à influer les projets pédagogiques, décider des contenus, etc…
    Toutefois, Xavier Darcos limite bien le rôle des parents : «le droit de choisir leur établissement scolaire, dont elles pourront connaître les performances», et elles suivront les progrès réalisés en classe par leur enfant, grâce au livret qui leur sera remis à la rentrée, en primaire.»
    Quant aux enseignants, il déplore (mais n’y a-t-il pas amplement participé ?) «que le maître, dont on a peu à peu affaibli la fonction et rabaissé le prestige. Il a connu la défiance, l’absence de reconnaissance, il a vu ses cris d’alarme détournés au service de slogans corporatistes». Quel mépris des enseignants et de leurs syndicats !
    Mais pour Xavier Darcos qui souhaite parents et enseignants béni-oui-oui, les réformes passent comme une lettre à la poste : malgré leurs criailleries les enseignants (les bons, les contestataires étant par essence de mauvais profs !) seraient pratiquement tous d’ores et déjà au garde-à-vous et les réformes engagés recueilleraient l’adhésion massive des familles…
    Nous ne devons pas vivre sur la même planète !


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