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S’inspirer de l’agriculture pour réinventer l’entreprise

Publié le 17 janvier 2020 par Diateino

S’inspirer de l’agriculture pour réinventer l’entrepriseLes taux élevés de désengagement des collaborateurs, les phénomènes de burn out, brown out et bore outlaissent penser que le modèle traditionnel de l’entreprise a largement trouvé ses limites et qu’il est temps de la réinventer. De nombreux leaders s’y emploient, à travers notamment le mouvement des organisations libérées[1].

Louise Browaeys cherche aussi à réinventer l’entreprise et de façon plus globale, les systèmes de gouvernance, mais elle distingue par sa source d’inspiration : la nature. Agronome de formation, elle cherche à « inventer de nouvelles façons de vivre, entre nous, comme avec la nature ». Elle s’en explique dans son ouvrage « Accompagner le vivant » et fait ce parallèle avec le paysan

« Le paysan, témoin du dialogue incessant et fructueux des élément, peut largement inspirer les managers et les dirigeants d’entreprises pour sa capacité à observer les forces du réel et les interactions à l’œuvre. A lui de trouver ce qui fonctionne (les associations amies et la diversité salutaire), d’accepter les échecs et la rétroaction, et de faire avec ce qu’il a sous la main. Pour que chacun se sente bien à sa place, utilisant son potentiel, révélant son talent dans un périmètre (un espace vital, une salle de travail, un jardin) qui lui est alloué. Le métabolisme social est intimement lié à celui de la biosphère, il en est une partie irréductible.

Il existe bel et bien des résonances fortes entre le métier de paysan tel qu’il se réinvente aujourd’hui, dans le sillage de l’agriculture biologique, avec des mouvements comme la permaculture (sortir du contrôle et de la lutte des engrais et des pesticides chimiques, s’adapter au vivant, redonner à chacun sa vraie place dans l’écosystème, s’humilier), et le témoignage enthousiaste de certains salariés d’entreprises qualifiées de vivantes ou de libérées. Ces entreprises sont encore peu nombreuses : à peine quelques dizaines en France.

S’inspirer de l’agriculture pour réinventer l’entreprise
FAVI[2] fut une de ces entreprises pionnières. Son célèbre ex-dirigeant, Jean-François Zobrist, est convaincu que nous devrions penser comme les paysans : être attentifs aux signaux faibles annonciateurs, participer plus que planifier, « agir à un jour, penser à vingt ans », renoncer à maîtriser les plantes, le temps, les autres, la Terre entière. Les champs de l’agriculture et de l’économie sont nécessairement liés, ils obéissent aux mêmes lois. L’agriculture et la ville sont nées ensemble  il y a près de 10 000 ans, dans le creuset de la sédentarisation. La première nourrit la seconde ; l’économie apparaît au moment précis où l’homme trace dans le sol le premier sillon. Elle prolonge le métier de la terre, elle existe grâce à lui. Elle est cette petite sphère humaine forgée à l’image de la grande sphère : le cosmos. Le mot « économie » nous vient du grec et renvoie à l’ordre du foyer, à la loi, à la règle. Économique[3] du philosophe grec Xénophon est un traité d’agronomie où sont décrits, dans leur caractère indissociable, l’habitat, son « management », la tenue du jardin, les pratiques culturales, la répartition des troupeaux, les rôles de chacun. Y sont décrites, en quelque sorte, les premières entreprises. Un même rapport au monde, empreint de respect, de compréhension et de recyclage perpétuel, englobe sans distinction les pratiques agricoles, les échanges, le commerce, la gestion d’un domaine et celle d’un foyer. »

Et vous, comment le parallèle avec le paysan et une agriculture raisonnée pourrait-il vous inspirer dans votre pratique du management, dans vos interactions avec vos pairs ou avec vos clients ?

[1] Nous réinventons notre entreprise, de Michel Sarrat, aux éditions Diateino.

[2] Cité par Frédéric Laloux, Reinventing Organisations, éditions Diateino. On peut d’ailleurs regretter que les exemples cités, entreprises à la gouvernance écologique exemplaire, n’aient pas porté une égale attention aux produits qu’elles vendent (boîtes de vitesse, tomates de l’agriculture conventionnelle, etc.).Il leur faudrait agrandir el cercle de leur sentiment d’appartenance à la Terre entière.

[3] Xénophon, Économique, Les belles Lettres, 2008.


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