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Félicité spirituelle et plaisirs sont-ils compatibles ?

Publié le 18 janvier 2020 par Anargala
A Mughal prince with an Ascetic

Pour la plupart des traditions spirituelles,

la félicité spirituelle est d'un autre ordre que les plaisirs de ce monde. "Ce qui est né de la chair... ce qui est né de l'esprit..." Il faut choisir. Le bonheur se présente sous la forme d'un dilemme, un vikalpa.

Pourtant, nous sentons bien qu'il y a un rapport intime entre le plaisir et l'absolu.

La culture indienne (sanâtana-dharma) explicite cette intuition, tout comme Platon dans le Banquet.

La liberté spirituelle (moksha) et la joie qu'elle procure
n'est pas incompatible avec le plaisir (bhoga). Le paradis est incarné. Là est l'idéal spirituelle de l'Inde : la liberté en cette vie même (jîvan-mukti), et non la seule espérance 
d'une béatitude après la mort.
Cet idéal a connu sa formulation la plus aboutie dans le shivaïsme du Cachemire. En particulier chez Abhinava Gupta, maître à la fois en spiritualité et en esthétique. Ça n'est pas un hasard, car l'expérience esthétique est le modèle de la liberté spirituelle ou de l'éveil, comme on dit aujourd'hui. 

C'est cette profondeur de la délectation esthétique qu'exprime ce verset sanskrit :

yogânandamayah kecit

bhogânandah pare /
vayam sarvapradâtâram
rasânandam upasmahe //

"Certains sont immergé dans la félicité du yoga.
D'autres s'adonnent aux joies de l'expérience.
Nous célébrons, quant à nous,
celui qui donne tout : la félicité de la délectation."
Ce verset suggère qu'à la source des différents types de félicités (spirituelles ou mondaines), il y a une félicité commune, celle procurée par l'art, la délectation esthétique, le rasa. En même temps, ce verset est lui-même un exemple de ce qu'il suggère. Il suggère, il fait résonner, entrer en résonance.

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