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Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 3), épisode bonus !

Par Blackout @blackoutedition
Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 3), épisode bonus !

Pour les livres de Richard Palachak, c'est par ici : KALACHE, VODKA MAFIA, TOKAREV

Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 3), épisode bonus !

Photo de Simon Woolf

Le 43, épisode bonus : Roger !

Un soir, j'aboule mon gigot de marcassin au 43 et il est là, l'homme aux yeux topaze arc-en-ciel, attablé avec mes amis, comme s'il faisait partie de la smala. Tu peux pas le louper, avec sa peau brune et ses lentilles fantasy de cosplay. On dirait bien qu'il nous a infiltré en screud et que personne n'a rien vu venir. Le mec est coolos, tout en douceur, les doigts de pied en bouquet de violette. Y m'fait toute une équerre pour se présenter : - Salut, jm'appelle Rodgeur. - Roger ? - Non Rodgeur. Chuis à moitié américain en quelque sorte. J'passe l'essentiel de l'année aux États-unis. Puis le type enchaîne les poses, en se la jouant dans chacun de ses gestes, avec siouxerie (oui, comme un sioux, rrrhhooooo...). Y fait le cabot à chaque posture, chaque regard, chaque mot. Rodgeur pèse toutes ses attitudes au poil près, comme dans une pièce de théâtre. Avec Enora, Karl et Dédé, la première chinoiserie qui nous asticote, c'est la couleur de ses quinquets. Roger nous assure qu'elle est naturelle, qu'il est né avec la tronche d'un lovelace de Manga, ou une sorte de balochard du Seigneur des Anneaux. Un « costumade » en couenne et en os. Sinon pas de quoi faire bouillir l'eau de la vaisselle : Rodgeur est un ancien commando qui préfère taire son expérience traumatisante de la guerre. Sinon l'gars s'est fait agresser à trois contre un la veille, ce qui l'a contraint à bourrer la gueule des trois peaux de con (en soins intensifs à l'heure qu'il est). Enfin Rodgeur a pris sa retraite bien méritée au nord-ouest de Downtown Los Angeles, où il joue de modestes rôles dans des productions hollywoodiennes... Et là tu vas me sortir : mais keske fout ce Jean-Claude Van Damme boiteux au 43 ? Pourquoi se payer de la viande saoule comtoise quand on peut avoir du T-bone steak californien ? Et pourtant, bien qu'il ne soit pas spécialement porté sur la bibine, Roger nous suit partout tel un quatre pattes, pour finir au bar du Poilu... où t'as deux options possibles (et compatibles) : te déchirer la race ou jouer au bilboquet. Mais le plus fort dans tout ça, c'est que Roger ne donne pas l'impression de taper l'incruste. Y fait pas iéch, y t'brise pas les nougats, c'est un gars chic et sympatoche... excepté pour Enora, qu'arrive pas à cloquer le moindre pingouin bisontin qui ne soit pas entièrement recouvert de bites. Il a peut-être fallu deux trois jours pour qu'elle lui fasse comprendre qu'elle était camionneuse et Vlouf !!!! a pu d'Roger.... Un soir, j'aboule mon gigot de marcassin au 43 et il n'est plus là, l'homme aux yeux topaze arc-en-ciel... et c'est comme s'il ne l'avait jamais été. Roger... Rodgeur... Rodgeur Van Damme... Le Rodgeur de ces dames.

Richard Palachak

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