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Le bal des folles

Publié le 09 février 2020 par Lorraine De Chezlo
LE BAL DES FOLLESde Victoria Mas
Roman - 250 pages
Editions Albin Michel - août 2019
Prix Renaudot des Lycéens - 2019
Un asile dans l'enceinte de l'hôpital de la Salpétrière. Il y a Louise, une jeune fille jadis violée par son oncle, suite au décès de ses parents dans un incendie, qui entretient une relation secrète et un peu idéalisée avec Jules, interne en médecine. Il y a Thérèse ou l'ancienne putain, mère de cœur pour ces aliénées mais aussi Geneviève, la gouvernante qui veille sur ses pensionnaires. Arrive ensuite Eugénie Cléry, 19 ans, qui s'ennuyait dans sa famille bourgeoise où seul son frère Théophile a droit de sortie et de conversation. C'est une féministe avant l'heure, qui rêve de désaliénation et a soif de lecture et d'ouverture au monde. Elle brave les interdits, en cachant un livre d'Allan Kardec- Le livre des Esprits- sous le manteau. Mais ce penchant pour le spiritisme, et le fait qu'elle entende et voie les morts mènera son père à la faire enfermer.
Ce roman est très bien écrit et c'est un vrai plaisir de le lire. En campant quelques personnages de femmes avec leurs passés respectifs, Victoria Mas nous emmène en voyage à travers le passé de Paris, et notamment celui de la Salpêtrière et de l'univers médical qui prenait les aliénées pour sujets d'étude quand la société enfermait les femmes à un rôle ménager.
Extrait :"Et, avec l’arrivée de Charcot au milieu du siècle, la pratique de l’hypnose devint la nouvelle  tendance médicale. Les cours publics du vendredi volaient la vedette aux pièces de boulevard, les internées étaient les nouvelles actrices de Paris, on citait les noms d’Augustine et de Blanche Wittman avec une curiosité parfois moqueuse, parfois charnelle. Car les folles pouvaient désormais susciter le désir. Leur attrait était paradoxal, elles soulevaient les craintes et les fantasmes, l’horreur et la sensualité. Lorsque, sous hypnose, une aliénée plongeait en crise d’hystérie devant un auditoire muet, on avait parfois moins l’impression d’observer un dysfonctionnement nerveux qu’une danse érotique désespérée. Les folles n’effrayaient plus, elles fascinaient. C’est de cet intérêt qu’était né, depuis plusieurs années, le bal de la mi-carême, leur bal, l’événement annuel de la capitale, où tous ceux qui pouvaient se vanter de détenir une invitation passaient les grilles d’un endroit autrement réservé aux malades mentales."
Ce roman a fait référence pour moi au film Augustine, d'Alice Winocour, mais aussi et surtout Blanche et Marie, de Per Olov Enquist. En plus de planter un décor social, l'auteure sait rendre attachants ses personnages, grattant au delà des mystères et des contenances. Et puis la progression se fait de façon très limpide, avec un suspense qui s'établit dans cette courte durée, retraçant les jours qui précédèrent le Bal du 18 mars 1885.
L'avis d'Isabelle de Larocque La Tour - Atlantico
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