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Nada Surf, de Popular au dernier album, analyse d’une discographie impeccable

Publié le 13 février 2020 par Dookiz @merseysideband

Nada Surf, de Popular au dernier album, analyse d’une discographie impeccable

A l'inverse du tube qui l'a fait connaître ( Popular, faut-il le rappeler ?), Nada Surf connaît une carrière plutôt discrète, suivie de près par des fans séduits par la qualité de la discographie du groupe new-yorkais. En effet, le groupe s'est retrouvé propulsé sur le devant de la scène rock en 1996 à coups de matraquage de leur clip sur MTV, devenant ainsi la révélation power-pop du moment. Pourtant, cette exposition médiatique est bien loin de ce qu'est le groupe aujourd'hui.

Ce tube représente certes leur premier album, mais absolument pas la carrière qui va suivre avec une discographie impeccable. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a une homogénéité dont pas mal de groupes pourraient s'inspirer. Pas de mauvais album(s), pas vraiment d'album au sommet, si ce n'est Let Go, considéré par les fans et Matthew Caws lui-même comme le meilleur album du groupe.

Never Not Together, homogénéité incarnée

Nada Surf, de Popular au dernier album, analyse d’une discographie impeccable
Le nouvel album de Nada Surf Not Never Together ne déroge pas à la règle. Dans la lignée power-pop de ce que les new-yorkais savent faire de mieux, l'album déroule les morceaux avec la même fluidité, une production toujours impeccable et jamais gonflée, une certaine sobriété qui n'empêche heureusement pas l'efficacité des compositions. Autre élément important à mentionner, la voix de Matthew Caws, reconnaissable entre mille, ne bouge presque pas malgré les années.

Mais voilà, derrière ce tableau très flatteur, Nada Surf ne deviendrait-il pas un peu lassant ? Le genre le bon élève, qui fait ce qu'il sait faire de mieux, sans vraiment se remettre en question. C'est l'impression que m'a donnée Never Not Together sur les premières écoutes. Et pourtant...

Si certains entendent pas mal la basse de Peter Hook, j'y vois plutôt du Teenage Fanclub ( Come Get To Me, Ride in the Unkown) ou du... Nada Surf. On a vraiment l'identité sonore du groupe.
Quelques petites nouveautés font tout de même une apparition discrète, comme Looking for you, un morceau ternaire avec des arpèges, ça change un peu. Idem pour Crowded Star qui aurait pu être un titre power-pop et qui reste du côté balade, et c'est très réussi. On appréciera une présence assez marquée du piano et des synthés, apportant une touche un peu nouvelle, une profondeur encore un peu plus intéressante ( Live Learn and Forget, So Much Love). L'enregistrement aux Rockfields studio, au Pays de Galles aurait-il laissé une partie des claviers des Simple Minds ? Pas tout à fait, même si on se réjouit de savoir que ce studio a vu sortir d'excellents albums comme les deux des Stone Roses, 1977 de Ash, ou encore Crocodiles de Echo And The Bunnymen. Never Not Together ne ressemble toutefois à aucun de ceux-là.

Nada Surf semble aussi vouloir se repencher sur son passé. L'allusion à Popular sur Something I should Do avec tout son passage parlé, est clairement revendiquée et assumée par Matthew Caws. De là à parler d'un nouveau Popular, non. Car si la citation est évidente, Popular a ce refrain brut et fédérateur qui reste une marque de fabrique de ce tube. Le son brut n'existe d'ailleurs plus chez Nada Surf. Si les chansons du premier album trouvent plus rarement leur place dans les concerts de Nada Surf, ce n'est pas vraiment un hasard, même si Popular est régulièrement jouée. Le groupe a désormais un son qui lui est propre, mélodique, parfois mélancolique, bien loin des titres de High/Low. Cela n'empêche toutefois pas une belle ampleur sonore en concert ou sur album.

En 2012 sur The Stars Are Indifferent to Astronomy, Nada Surf affichait pourtant un retour à un son puissant ( Clear Eye Clouded Mind, No Snow On The Mountain), ce qui n'était pas le cas de son successeur, You Know Who You Are en 2016 où la guitare acoustique se faisait plus présente.

Waiting for Something, extrait de The Stars Are Indifferent to Astronomy :

Never Not Together s'affiche donc plus varié, gardant toutefois une cohérence globale qui semble vouloir le pousser parmi les meilleurs de la discographie de Nada Surf. La présence du piano évoqué plus haut est peut-être dû à Let Go, album pour lequel le groupe a fêté les 15 ans lors d'une tournée en 2017. Let Go laissant une place importante au piano, Nada Surf était dans cette dynamique pour ce nouvel album.

Le meilleur album de Nada Surf est Let Go

Let Go est un tournant dans l'histoire de Nada Surf. Il est considéré par les fans et le groupe lui-même comme le meilleur album de Nada Surf. Si l'album est sorti du lot, c'est notamment car il représente la période où Nada Surf s'est vraiment trouvé. Peut-être dû au flair de Josh Rosenfeld de Barsuk Records, label indé de Seattle sur lequel Nada Surf avait signé. Rosenfeld n'avait jamais entendu Popular, à la signature, ni même après. Incroyable.

Preuve de l'investissement artistique, Barsuk Records a hébergé Nada Surf par rapport à la qualité des démos de Let Go et non l'attirance du succès de Popular. Let Go marque pour Nada Surf un virage où le groupe a trouvé son identité musicale, définitivement installée sur l'album suivant The Weight Is A Gift (2005). Neither Heaven nor Space ou Blonde on Blonde sont des exemples de titres qui font passer Nada Surf dans un style plus apaisé, très bien écrit, moins power-pop.

Let Go, un enregistrement insolite

L'enregistrement du troisième album de Nada Surf Let Go est pourtant assez insolite : le groupe voulait travailler avec Fred Maher, alors basé en Californie. Faute de moyens, Nada Surf a donc traversé les Etats-Unis de New-York à la Californie en vendant des t-shirts et CD pour financer la production de Let Go. Ils se pointent donc avec des billets de 1 et 5 dollars pour payer la production de l'album ! Au même moment, Fred Maher se voit offrir la production d'un album de Korn, autrement plus coûteuse. Il a juste le temps de retravailler la basse, et Nada Surf se retrouve donc sans producteur. Chris Fudurich, qui avait produit The Proximity Effect, se charge de sauver les meubles, mais il n'y avait personne pour vraiment superviser l'ensemble, qui a donc été mixé par des personnes différentes.

Côté compositions, le groupe a fait appel à Chris Walla de Death Cab For Cutie pour les aider à avoir un regard nouveau. Let Go a été écrit comme de multiples bouts de morceaux, des accords, des idées, que Nada Surf a ensuite compilés pour en faire des morceaux logiques et construits. Là où Chris Walla a justement pu les débloquer ou les faire travailler autrement : prendre juste la basse et la batterie et de réimaginer les accords de guitare. Une façon très intéressante de travailler qui offre au final un album extrêmement bien écrit, varié, tantôt énergique, tantôt mélancolique. Une référence.

The Proximity Effect : Nada Surf assume ses choix

Si le style de Nada Surf est plutôt power-pop raffinée, quoi qu'affiné sur Let Go, le son qui les a fait connaître est plus brut. Sur The Proximity Effect (1998) aussi d'ailleurs. Au moment de démarrer cet album, Nada Surf se retrouve donc avec Popular qui lui colle aux guitares. Le label de l'époque, Elektra, savoure sans doute d'avance un succès répété avec le deuxième album. Mais quand Nada Surf lui fait écouter The Proximity Effect, le label fait la moue, propose de réenregistrer les chansons, de faire notamment une reprise de Why Are You So Mean To Me? du groupe Vitreous Humor pour la sortir en single.

Nada Surf n'avait rien demandé, c'est juste le boss d'Elektra qui aimait l'originale et voyait en l'adaptation de Nada Surf un single sans doute planétaire. Nada Surf doit remballer sa fierté d'avoir écrit un très bon album mais tient tête, conscient que la collaboration avec Elektra sera tout sauf fructueuse. Les chansons sont très bien comme ça, l'album est complet. Rage d'Elektra qui décide de ne pas sortir l'album et rompt le contrat. Nada Surf veut garder son identité, ne veut pas se voir dicter ses choix. Bien mal leur en a pris. En affirmant ses choix, Nada Surf se construit son identité musicale.

Nada Surf, une identité musicale

Définitivement installée sur The Weight Is A Gift, l'identité musicale de Nada Surf s'affiche clairement comme le fer de lance de la power-pop de bon goût. Désormais signé sur le label berlinois City Slang (Caribou, Tindersticks, Lambchop, Timber Timbre), Nada Surf trouve une nouvelle façon de fonctionner. Le label aussi. L'équilibre est partagé et tout le monde se satisfait d'un volume de ventes qui serait dérisoire chez une major. Nada Surf serait bel et bien un groupe mineur chez une major, mais se revendique comme un gage de qualité musicale dans la sphère indé comme le prouve son impeccable discographie.

La discographie impeccable de Nada Surf

La discographie de Nada Surf est très complète :

  • 8 albums studios entre 1996 et 2020 (sans compter l'album de reprises, If I Had A Hi-Fi)
  • 2 lives (Live in Brussels, 2004 et Live at the Neptune Theatre Seattle, 2012
  • 1 album de faces B (B-Sides, 2002, dont pas mal de versions acoustiques des face A)
  • 1 album de reprises (If I Had A Hi-Fi, 2010)
  • 1 album avec grand orchestre (Peaceful Ghosts, 2016 avec le Babelsberg Film Orchestra)
  • 1 album de démos (North 6th Street en 1999, regroupant les démos de High/Low et The Proximity Effect, accompagnés de 5 titres inédits et une reprise d'Iggy Pop)

Nada Surf en concert en France :

  • Nada Surf à Lille : 26 février 2020, Le Splendid
  • Nada Surf à Strasbourg : 28 février 2020, La Laiterie
  • Nada Surf à Rennes : 29 février 2020, Le Mem
  • Nada Surf à Lyon : 2 mars 2020, Le Transbordeur
  • Nada Surf à Toulouse : 3 mars 2020, Le Bikini
  • Nada Surf à Bordeaux : 9 mars 2020, Le Krakatoa
  • Nada Surf à Paris : le 11 mars 2020, La Cigale
  • Nada Surf à Morzine : le 18 mars 2020 (Rock The Pistes Festival)

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