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#2020RacontePasTaVie - jour 45, ma recyclerie

Publié le 14 février 2020 par Aymeric

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Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais j’habite dans une recyclerie.

Et ce n’est pas de mon fait, croyez-le bien.
Jour après jour se sont accumulés autour de moi divers objets, de toutes tailles, fonctions, apparences, plus moins éloignés de leur état de marche initial et d’âges très variables.

C’est que Madame Mon Épouse, toute empreinte par ailleurs d’un sain scepticisme qui s’appuie sur un rationalisme très solide ainsi que sur une bienveillante tempérance croit pourtant dur comme fer au principe du ça pourra toujours servir.

C’en est une missionnaire particulièrement dévouée que la vue d’objets en fin de vie bouleverse et transporte tant en elle la foi ardente et le génie des assemblages et constructions savent déceler d’infinis et merveilleux potentiels dans ce que je – malheureux au cœur sec et à l’esprit tout à fait dépourvu de sens pratique – ne vois que comme du rebut.

Et il est vrai que, régulièrement, sortent de l’amas des collectés un agencement réalisé par Madame qui allie élégance, ingéniosité, et répond le plus souvent à l’urgent besoin du moment.
Mais hélas toute productive et ingénieuse qu’elle soit, Madame Mon Épouse ne recycle pas, loin s’en faut, à la vitesse à laquelle elle accumule. Tant et si bien que se dressent un peu partout dans l’appartement des monticules de matériels pouvant toujours servir mais ne servant pas encore.
Parfois mes cauchemars se peuplent d’images d’avalanches. Éveillé elles me restent suffisamment vives en tête pour que je craigne régulièrement que s’effondrent, en violent geste d’ingratitude, tous les objets qui ont été recueillis chez nous.

Je crois avoir été traumatisé par une histoire dont j’ai eu vent – et dont je ne sais si elle est réelle ou non – parlant d’une dame qui a fini morte étouffée et brisée par ses livres chutant en piles immenses sur elle.
Oui, vous noterez bien qu’il s’agit de livres dans ce sinistre fait divers, et un rapide regard autour de moi me laisse penser qu’ici sa reproduction à l’identique est sans doute plus probable que la révolte, non pas des joujoux, mais des objets sauvés.
Ces considérations prises en compte vous m’excuserez de vous quitter, devant aller balayer devant ma porte, de plus, le temps presse et votre patience s’use.


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