PAR BERNARD VASSOR
En direct de Granvillle à la Citrouille.
Yvette Guilbert (1865-1944) "La diseuse fin de siècle".
Dans une autobiographie publiée en 1927, "La chanson de ma vie" Yvette déclare : "mon goût allait vers des écrivains tels que Goncourt, Zola, Maupassant (...)je cherchais à exprimer en chansons ce qu'ils avaient réalisé par le roman". Tout au long de sa longue carrière de chanteuse, elle approcha donc , et eut l'occasion de se produire devant les représentants de l'Ecole naturaliste, et décadents. Des Hydropathes et "Chanoiresques", firent partie de ses amis. Zola dont nous avons déjà parlé, fut impressionné avec Daudet (Alphonse) et Goncourt eurent l'occasion de l'entendre chez l'éditeur Charpentier, et au cours d'auditions privées dans une salle de réception du journal "Le Figaro" rue Drouot. Octave Mirbeau, Catulle Mendès, Jean Richepin, Alphonse Allais, Auriol, Maurice Donnay, Émile Goudeau, Sarah Bernhardt, Henry Baüer, furent également dans le cercle de ses relations intimes. Son amitié avec Jean Lorrain qui lui écrivit des chansons dura, au milieu de quelques orages jusqu'à la fin de la vie de l'auteur de "La Maison Philibert".
A ses début dans la chanson, après un passage non concluant au théâtre des Variétés, elle interprêta des chansons d'un auteur dont elle avait découvert les oeuvres chez un bouquiniste des quais. C'était un recueil intitulé "Les Chansons sans gêne" de Léon Xanrof (recueil payé 12 sous). Le succès fut immédiat, "Le Fiacre" et "La complainte des 4 z'étudiants"fit un triomphe dans tous les cafés-concerts où elle se produisit.
Plus tard, elle acheta une maison à Médan, où je ne vous dis pas qui elle eut l'occasion de croiser dans les chemins, faisant de la bicyclette...Nous pouvons ajouter à la liste de ses familiers :Jules Roques, "La Duse"(Eléonore), Lucien Guitry, La Goulue (Louise Weber) et son amante la "Môme fromage", Pierre Loti, Reynaldo Hahn, Frantz Jourdain, Rachilde, Gérard d'Houville*,Maurice Boukay, sans oublier Aristide Bruantbien sûr. Immortalisée par Toulouse-Lautrec et jules Chéret, le plus grand affichiste, Yvette Guilbert se produisit dans la plupart des grands cafés-concerts de la fin du dix neuvième.
Un journaliste conférencier Hugue Le Roux, vint la trouver pour lui proposer de se faire entendre en illustration de ses causeries au "Théâtre d'Application"de la rue Saint-Lazare dans qui faisait suite à la salle d'exposition de peintures. Tenue par un nommé Charles Bodinier, la salle fut naturellement appelée "La Bodinière". Ce théâtre avait été créé pour mettre à la disposition des débutants, ou des auteurs dramatiques venant là y faire des premières lectures de leurs pièces. Yvette Guilbert habitait à l'époque à deux pas, au 30 rue Saint-Lazare. C'est ainsi qu'elle rencontra bon nombre de jeunes auteurs.
Suite après le 4 septembre......