Magazine Culture

Simenon témoin de notre époque

Publié le 16 février 2020 par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

TEXTE DE LA VIDÉO :
Bonsoir et bienvenue sur scope, la chaîne de polar, je suis ABDESSELAM BOUGEDRAWI, auteur de romans policiers, ce soir Simenon, témoin de son époque et par extension de la nôtre. Beaucoup d’auteurs comparent Simenon avec Balzac, à mon avis, il n’y a pas lieu de faire cette comparaison dans la mesure où les deux hommes appartiennent à des époques différentes, et surtout obéissent à des impératifs différents. J’en parlerai éventuellement dans une prochaine vidéo.

Premier récit témoin de son époque :  le témoignage d’un enfant de chœur. C’est un récit très court, avec comme héros le commissaire Maigret. dans ce roman, on apprend qu’il y a quelques décennies dans les hôpitaux il existait des chapelle ou on célébrait la messe. le héros, un adolescent de 12 ans, se réveille très tôt le matin, après avoir fait une toilette succincte, descend sur la pointe des pieds en tenant ses chaussures dans ses mains. Pourquoi ? Parce qu’il ne voudrait pas déranger ses parents. On voit très bien là l’éducation de l’église sur les relations entre cet enfant et ses parents. C’est du grand respect enseigné à mon avis au niveau du catéchisme. Toujours dans ce récit, on apprend, que ce cet adolescent reçoit une petite somme de façon régulière pour servir cette messe. Ces petites sommes, il va les mettre de côté pour pouvoir acheter un vélo.  Cela évoque la parabole des talents, une parabole évangélique.  il y a beaucoup, me semble-t-il, d’allusions religieuses catholiques chez Simenon.  Le second, livre, vous le connaissait très bien, c’est l’affaire Saint fiacre, dans ce roman il y a une description de la messe, c’est-à-dire on parle du bedeau, du sacristain, du sonneur de cloches. Je ne sais même pas si les plus jeunes d’entre nous se souviennent encore de cette termes et de leur signification. Il est également question de missel. On apprend de même qu’un jeune enfant, toujours dans ce roman, l’affaire Saint fiacre, désire avoir comme cadeau. Un sifflet à deux sons,  je ne sais pas ce que désirent des enfants adolescents dans notre époque. En tout cas, cet enfant désire ce sifflet à deux sons pour ceux parader être en habit de scout et siffler en émettant deux sons différents. Il désire également comme cadeau, et du reste Maigret dans ce roman va lui donner, un missel avec des coloris. Dans ce même roman, l’affaire Saint fiacre, il y a une description de l’aristocratie qui est en train de dépérir, ces derniers moments avec cet impératif de vendre ses terres, de vendre ses meubles. Il y a également une description de comment fonctionne l’aristocratie avec le régisseur, avec tous ces servants qui travaillaient donc dans les grandes propriétés.

De même, une vision sur la confrontation entre la laïcité et l’église, puisque deux personnages vont s’affronter, gentiment bien évidemment ; un médecin qui représente la raison, la laïcité, et un prêtre qui lui représente la foi. C’est très intéressant pour voir les évolutions de notre société.  En combien de temps un enfant qui aimait juste un sifflet à deux sons va désirer d’autres objets, et commet tout cela a évolué. Un très grand témoignage sur une époque révolue et pour laquelle j’ai un petit faible.

Toujours dans l’affaire Saint fiacre, Simenon nous décrit une femme vieillissante qui a 60 ans. à l’époque c’était vieillissant, 60 ans ce n’est pas un grand âge et les femmes sont encore belles a cet âge. Il nous décrit donc cette femme qui a des amants jeunes et surtout avec plein de tolérance. Même si Simenon souligne la dualité de  cette dame qui n’hésite pas à mettre des jeunes dans son lit. Pourquoi pas ! les hommes d’un certain âge n’hésitent pas à mettre de jeunes femmes dans leur lit. Alors, ce n’est que justice que de dire cela.  Contradiction donc chez cette femme qui met les hommes de 30 ans dans son lit et en même temps va la prière, se confesser. Il n’a pas l’air de trouver que c’était quelque chose de choquant.

Le troisième livre,  la première enquête de Maigret, n’est pas chronologiquement son premier livre, mais c’est  la première rencontre avec Maigret qui est très jeune, qui est débutant dans un peu dans un commissariat à un bas niveau et qui aspire à rentrer à la criminelle quai des Orfèvres. Cela se passe en 1913, et cela m’angoisse terriblement.

Le jeune Maigret va faire une enquête sur la bourgeoisie, sur des gens très riches. On va connaitre avec exactitude  comment fonctionne ces gens-là possèdent le café Balthazar. Leurs servants, leurs domestiques, le fait qu’ils voudraient accéder à l’aristocratie. Dans ce même roman il nous décrit les voitures de l’époque un Dion Bouton et nous décrit le chauffeur qui est habillé en peau de bique. il nous décrit le fonctionnement des fiacres.  À l’époque les fiacres fonctionnaient comme les taxis, c’est-à-dire où il prenait leur casse-croûte, à quel moment à quel endroit on peut les trouver. C’était assez bien régulé ce service de fiacre.

Simenon parle encore de la première installation d’électricité alors que les gens avaient du gaz à l’époque. Simenon nous décrit les consommateurs d’absinthe et je crois qu’il y a un tableau évocateur de cette pratique.

Mais surtout, comme je l’ai dit, ce qui m’angoisse, c’est que cela se passe en 1913, la Belle Époque et la France reçoit un souverain, des festivités et tout le monde est heureux. Ces réjouissances nous montrent un jeune ami de Maigret jeune qui se promène dans ce Paris heureux. Il y a un certain bonheur parce que c’était la Belle Époque. Et tout cela sera complètement détruit par la barbarie de la Première Guerre mondiale, par ce monstrueux Léviathan qui est la Première Guerre mondiale. Tous ces jeunes qui sont décrits dans ce roman, la première enquête de Maigret, vont mourir dans des guerres de tranche. C’est angoissant. En même temps c’est fascinant et je vous invite à découvrir ce roman, à travers ce que je viens de vous dire, en tant que témoin de la Belle Époque avant cette horrible guerre et ce ces horribles massacres.

Je voudrais vous signaler qu’il y a une très belle pièce radiophonique, vous trouverez le lien dans la description. La pièce radiophonique de cette première enquête de Maigret avec des acteurs, qui malheureusement ont disparu, des acteurs de talent, Daniel Gélin, Maurice Bireaud et Jean Rochefort.

Je vous invite à écouter cette magnifique pièce, bien faite quand je l’ai dit, avec en très bon bruitage.

Cette pièce radiophonique m’angoisse parce qu’il y a quelque chose de vivant avant cette mort par la guerre. Je suis désolé de finir sur cette note pessimiste, mais moi la guerre je ne l’aime pas, moi je ne l’aimerais jamais.

Aussi, je vous invite à regarder Georges Simenon d’une autre manière, à le voir comme témoin d’une époque.

La différence entre lui et Balzac, c’est que Balzac a des impératifs de précisions historiques, c’est-à-dire qu’il va nous faire de longues descriptions, tandis que chez Simenon, il y a des impératifs de description pour nous raconter de façon succincte les personnages qui gravitent dans un roman policier, toutefois, c’est très important.

Je vous remercie, la prochaine vidéo va aborder un aspect, mais alors inhabituel des Maigret, l’érotisme dans les enquêtes du commissaire Maigret, tout un programme


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Abdesselam Bougedrawi 116 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine