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Analyse de Tesla Inc (TSLA:NSQ)

Publié le 19 février 2020 par Chroom

Tesla, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, est une entreprise américaine fondée en 2003 par Elon Musk, qui compte près de 50'000 employés et qui produit des voitures électriques, à défaut de bénéfices. Le cours de l'action a pris près de 280% ces 6 derniers mois. A titre de comparaison il faut entre 15 et 20 ans à la bourse pour croître autant.

Valorisation & dividende

Valoriser une société comme Tesla est un exercice d'équilibriste. Cela me rappelle l'époque des startups dotcom où de nouveaux pseudo-experts étaient engagés par CNBC pour expliquer les cours de cette "nouvelle" économie. Les choses étaient différentes qu'ils disaient. Les ratios usuels ne pouvaient entrer en ligne de compte. Pour les voitures à piles électriques cela semble être pareil. En tout cas dans la tête de beaucoup de spéculateurs.

Un peu réac sur le bords, je vais tout de même si vous le permettez en rester à mes bons vieux indicateurs. Tesla se négocie ainsi à :

  • Impossible de se prononcer par rapport aux bénéfices nets récurrents. Que des pertes, que ce soit au dernier exercice ou aux précédents. Ça commence mal.
  • 25.5 fois les actifs tangibles et 23.5 fois la valeur comptable. De quoi nous envoyer sur la Lune. Avec Elon Musk, c'est possible.
  • 6.3 fois les ventes. À titre indicatif, un ratio supérieur à 3 est généralement un très bon signal de vente.
  • 160 fois le free cash flow courant. Cette fois on peut carrément aller jusqu'à Mars. Au moins dans ce cas le flux d'argent est positif, c'est toujours ça de pris.
  • Impossible de se prononcer sur le free cash flow moyen, les exercices précédents étant tous négatifs.
  • Impossible de se prononcer par rapport à l'EBIT/EV et l'EBITDA//EV. Même l'EBIT et l'EBITDA sont négatifs ! D'ordinaire une entreprise peut faire des pertes au net, mais beaucoup plus rarement lorsqu'on prend la valeur avant impôts, intérêts, dépréciations et amortisations !

Quant au dividende, comment vous dire... comme le bénéfice : inexistant. Au moins le ratio de distribution est correct !

Bilan & résultat

Les liquidités du géant de Palo Alto sont tout juste correctes, avec un current ratio de 1.1 (en hausse), mais le quick ratio n'est que de 0.8. Les frais généraux sont énormes (80%), la marge brute est catastrophique, avec seulement 16.6% (en baisse de surcroît). On croirait presque parler d'une marge nette, c'est pour dire. Quant à cette dernière inutile d'en parler, puisque l'entreprise réalise des pertes. On trouve par contre une petite marge positive de free cash flow avec 3.94%. Pour la rentabilité on est dans un trend similaire, avec un ROE et un ROA négatifs, tandis que le CFROA est de 7%.

La dette est très importante, avec un taux d'endettement à long terme de 34% (en hausse !). L'ensemble de la dette représente carrément 2.6 fois les fonds propres. En l'état actuel l'entreprise est tout simplement incapable de la rembourser, même sur de très nombreuses années. L'émission de la dette a représenté ces cinq dernières années un rendement négatif moyen pour l'actionnaire de près de -1%. Pire, en parallèle, Tesla augmente chaque année son nombre d'actions en circulation, ce qui se traduit par un rendement négatif moyen pour l'actionnaire de -7.6% !

Conclusion

Dividende nul, émission de dette et d'actions, l'actionnaire de la société d'Elon Musk "reçoit" annuellement un rendement négatif de -8.5%. Ceci ne se traduit pas au niveau du cours, bien au contraire, ce qui est d'autant plus inquiétant. Malgré un beta qui n'est étonnament que de 0.67, la volatilité est affolante, avec 57% ! Pour l'instant elle profite aux acheteurs, il faut juste espérer pour eux qu'ils ne soient pas pris à contre-pied. Le score de Piotroski est sans surprise lamentable, avec 4 points sur 9.

Bref. Il est possible que Tesla arrive un jour à percer, mais pour l'instant il y a beaucoup trop d'incertitudes. En acheter, c'est de la pure spéculation. À ce prix ça peut faire très mal. Comme le soulignait AGU, la capitalisation de l'entreprise californienne est supérieure à celle de Toyota, Volkswagen et Renault réunis. Il faudra en vendre des voitures à piles pour arriver à ce niveau...


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