Il fallait s'y attendre.
Pour chaque super-héros, on confectionne un super vilain.
Elle s'appelle Naomi Seibt. Elle est allemande. Elle est aussi adolescente. Elle a aussi un regard, au sens propre comme au sens figuré, légèrement mal calibré.
C'est l'anti-Greta Thunberg. Confectionné au laboratoire Heartland, une organisation orientée vers la réussite financière d'abord, avant et contre tout, elle est originaire, ÇA NE S'INVENTE PAS, de la ville allemande de...MÜNSTER.
Elle se décrie, et est décrit comme une réaliste climatique. Elle est présentée comme la réponse à l'alarmisme de Greta Thunberg.
Ne nous leurrons pas. Greta aussi a été traficotée dans un lab. Sa colère et ses ambitions sont réelles et bien senties, elle épouse à 100% la cause, et a de nombreuses raisons de le faire, mais elle est aussi largement dirigée par un entourage servie par les expériences du passé.
En 1992, la canadienne Severn Cullis-Suzuki, oui une tante du joueur de hockey Nick Suzuki et une fille de l'éminent Docteur David Suzuki, et de l'activiste écologique Tara Cullen, Severn, à l'âge tendre de 12 ans, livrait sensiblement le même discours que Greta l'automne dernier, devant la même assemblée des Nations Unies, mais les relais médiatiques d'alors étant moins rapides que ceux de nos jours, son discours à elle n'avait qu'attirer de légères sympathies condescendantes. On connaissait ses parents tellement, on ne doutait pas une seule seconde que la pomme venait du même arbre. Que David et Tara avaient tous deux eu une main sur le crayon qui avait servi à son discours d'alors.
Servern avait été plus scolaire aussi. Comme la première de classe livrant un exposé oral sans fautes.
Greta a livré le même discours,devant le même parquet, mais s'est laissé emportée par le jeu dramatique et lui a donné un ton frondeur et une intensité qui a semblé grotesque à d'aucun et fort approprié à d'autres. Cette fois, le véhicule, pour un même message, avait été différemment calibré. La jeune fille était plus vieille. A le syndrome d'asperger, donc appelle un inconscient capital de sympathie. Vient d'un pays moins plate que le Canada d'Amérique. N'a pas de parents célèbres. Et sait jouer les notes graves sur le piano de l'urgence climatique.
Parce que oui, 28 ans ont passé depuis le discours de Severn Cullis-Suzuki et absolument rien n'a été vraiment fait en ce qui concerne les ralentissements de pollution mondiales. Le recyclage, bien que catastrophique chez nous actuellement, le compostage aussi, ont été de brillants rajouts. Les voitures électriques aussi. Mais il reste encore des tonnes de choses à faire pour MIEUX faire.
La fière Naomi Seibt a 19 ans et serait la nouvelle bougie d'allumage des climato-sceptiques. Elle est invitée à discuter publiquement afin de désamorcer la panique mondiale sur le climat. Elle a parlé à la CPAC, le Conservative Political Action Conference, un rendez-vous annuel d'extrémiste de droite de Washington qui avait aussi comme conférencier Donald Trump.
Elle est décrite comme une jeune voix fraîche aidant le libre marché et favorisant le réalisme climatique face à la panique.
Se déclarant comme une ancienne alarmiste climatique, elle-même, elle dit que la science entourant le climat n'est pas de la science c'est une entreprise afin d'humilier la nature humaine.
En replongeant dans ses interventions passées, on découvre qu'elle a commenté, après une attaque contre un synagogue, que les Juifs se considéraient comme les plus grandes victimes au monde et que les Allemands ordinaires se trouvaient au bas de la pyramide partout, devant se trouver coupables à temps plein.
Elle se déclare aussi ouvertement supporteur de Stefan Molyneux, un fier déséquilibré.
Le Heartland Institute est financé par les énergies fossiles et les compagnies de charbon. En 2012, le même institut achetait une publicité disant "je crois encore au réchauffement planétaire, et vous?" sur une photo du Unabomber, Ted Kaczynski. Extrêmement douteuse association. Le même institut a publié des pamphlets éducatifs répandant des faussetés sur le réchauffement climatique.
Ils sont de clairs et fiers vilains. Ils tentent de surfer sur la vague Greta, ce qu'ils feront peut-être un peu, mais il reste impossible de penser qu'ils réussiront à gagner des coeurs comme la petite suédoise l'a fait. Ils tentent platement d'atténuer l'impact Thunberg.
On appelle ça une contre-narration.
Issu, c'est quand même incroyable, de la ville de Monstre.
Une contre-narration du genre c'est souvent parasitaire.
C'est parfois aussi con qu'un piéton marchant sur la ligne médiane d'une autoroute.