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Maboula Soumahoro : Le Triangle et l’Hexagone, réflexion sur l’identité noire

Par Gangoueus @lareus

« J’ai décidé d’être Noire »
Le Triangle et l’Hexagone, réflexion sur l’identité noireMaboula SoumahoroLa découverte, Maspero, février 2020
Maboula Soumahoro : Le Triangle et l’Hexagone, réflexion sur l’identité noire
Française d’origine ivoirienne, ayant grandi en banlieue parisienne dans une famille musulmane traditionnelle, Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences en langues et littératures anglophones à l’Université de Tours relate dans cet essai.

Son expérience et son vécu sont l’objet de son étude, elle assume d’utiliser le pronom « je », enfreignant consciemment l’objectivité exigée des chercheurs. L’auteur dénonce l’aveuglement à la race qui existe dans la société française.

Or, la France s’inscrit dans le Triangle atlantique, de par son histoire coloniale et sa mise en place de la catégorisation des races inscrite dans les corps. Maboula Soumahoro souligne qu’il est plus que temps d’affronter cette histoire et d’ouvrir le champ des études universitaires françaises à d’autres objets d’études. Elle propose du reste des outils théoriques tels que la diaspora, la charge raciale empruntée au féminisme ou l’intersectionnalité.Oscillant entre analyse scientifique et récit personnel, l’auteur décrit son parcours, sur un ton parfois un peu trop distant. Elle évoque quelques difficultés rencontrées et au passage, nous livre une belle réflexion sur le mythe du retour au pays d’origine, qui est et reste celui de nombreux immigrés et de leurs enfants. Elle-même y a souscrit, avant de réaliser que son identité allait au-delà de l’appartenance nationale et qu’elle devait s’inscrire dans un espace plus ouvert, un monde hybride, plus fluide.Elle s’interroge sur son rapport à la langue française, sa langue maternelle, qui n’est pas la langue de sa mère, qui parle le dioula. Peut-elle échanger réellement avec sa mère, si elle ne parle pas sa langue ? « Entre ma mère et moi-même, il y a l’Histoire. Entre la langue française et moi-même, il y a l’histoire. » Cet essai interroge la signification, le sens d’être noire dans la société française et révèle le parcours d’une femme noire,intellectuelle qui veut réaffirmer la valeur positive du Noir : un remake de la négritude ? Maboula Soumahoro « ouvre la voix » à d’autres et rompt de façon magistrale le silence et l’impensé raciaux. Vincente Duchel-Clergeau


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