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#2020RacontePasTaVie - jour 71, cacographie

Publié le 11 mars 2020 par Aymeric

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Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais j’ai une écriture de cochon.

Ou de médecin, selon.

C’est un peu comme si mon apprentissage en la matière s’était arrêté au stade du CE1. Tous mes enfants en âge d’écrire ont désormais une écriture plus jolie, lisible et adulte que mes hiéroglyphes tremblés.
Il faut dire aussi que, faute peut-être d’avoir appris correctement, tenir un stylo m’est physiquement assez pénible. Il ne me faut que peu de temps pour être tout crispé sur mon instrument comme si ce dernier formait le centre autour duquel peu à peu mon corps tendait à se recroqueviller.

Curieusement, taper sur ordinateur ne m’a pas rendu l’exercice beaucoup plus facile.
Une mauvaise position toute en torsion à laquelle s’ajoute la tension que provoque l’écriture même (pratiquée, sur clavier, à deux doigts qui plus est) font qu’une heure de frappe m’est aussi une heure de peine dont je sors endolori des cervicales aux lombaires.
Au moins, après je peux me relire.

Mes gribouillis faits au critérium ou au stylo bille me deviennent rapidement illisibles.
Lorsqu’il m’arrive de devoir chroniquer un concert ou un événement, lorsque je pratique un entretien, assiste à une conférence ou participe à un atelier il faut que je retranscrive mes notes dans l’heure qui suit ou bien je perds la moitié ou davantage de ce qui fut écrit tant il devient dur, quand les souvenirs s’effacent, de trouver un peu de sens dans le chaos cacographique des pages noircies.

Les listes de courses sont plus problématiques encore. Écrites au fur et à mesure, sans trop penser à ce que l’on fait, elles deviennent, une fois dans le magasin, une pierre de rosette tronquée donc en grande partie indéchiffrable. Il m’est arrivé plus d’une fois d’être tout à fait incapable, en dépit de gros efforts mnésiques, visuels ou déductifs, de retrouver quel achat indispensable je devais faire. Tout ça pour, de retour à la maison et devant l’évidence du manque, je le renote d’une grossière patte de mouche sur le bloc-note à petits carreaux format 7,4 X 10,5 cm aimanté sur la porte du frigo.

Quelqu’un m’avait fait remarquer il y a plusieurs années que ma graphie n’était pas sans rapport avec mon élocution, pas toujours facile et souvent faite d’un débit rapide et heurté, d’une articulation récalcitrante et de sons sourds.
Peut-être ne sont-ce là que deux formes d’une réticence à communiquer.
C’est bien possible mais assez étonnant de la part de quelqu’un qui raconte sa vie en public depuis plus de deux mois.

Sinon, permettez moi avant de conclure de revenir sur un point évoqué un peu plus haut. Lorsque j’écrivais que tous mes enfants en âge d’écrire ont désormais une écriture plus jolie, lisible et adulte que mes hiéroglyphes tremblés j’en excluais un, le plus grand. Depuis qu’il est en âge d’écrire, il n’écrit tout simplement pas. Rarement plus de deux ou trois mots à la suite même maintenant avec ses dix-sept ans si proches.
C’est une des manifestations – qui a nécessité quelques adaptations scolaires vous pouvez vous en douter – de ce qu’on appellera faute de mieux son neuro-atypisme. On peut parler, en gros, d’une façon de penser et voir le monde radicalement différente de la nôtre et dont il nous fait, par aperçus, régulièrement cadeau.
Il est possible que je vous en parle plus longuement un jour mais pas aujourd’hui, entre autre parce que le temps presse et que votre patience s’use.


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