Comme tout le monde, je suis en confinement depuis maintenant 5 jours. Et comme tout le monde sans doute, j’ai le sentiment de vivre cette période d’une façon unique. Avec mes propres émotions, un contexte qui n’appartient qu’à moi. J’écris aujourd’hui sur le sujet, j’espère ne pas le refaire avant la fin de cette pandémie. Pardon d’avance de m’y auto-citer autant mais j’ai pensé que les exemples pourraient éclairer ce que je voulais dire. Et même si j’ai toujours prôné la discrétion sur ses états d’âme dans des moments compliqués, je fais aujourd’hui une entorse que vous comprendrez sans doute à la fin après lecture.
Pendant toute cette période, je n’ai pas décroché du flux continu d’informations. Je l’avoue. La partie rationnelle de mon cerceau voit dans ce moment des éléments de communication et de sociologie trop passionnants pour réussir à regarder ailleurs. Ceux qui me suivent sur Twitter m’ont vu m’inquiéter devant des erreurs de postures et de communication que je jugeais grossières.
Mais quelle erreur de maintenir les élections, ça brouille le message, créé des résistances. Incompréhensible. Quelqu'un comprend pourquoi ils font ça ?
— Eric Maillard (@PRland) March 14, 2020
#Restezchezvous / Allez travailler (après allez voter) – #Restezchezvous / vous pouvez faire de l’exercice dehors – Masques pour les personnes à protéger / ne servent à rien…
— Eric Maillard (@PRland) March 18, 2020
On comprend la complexité mais le cerveau humain implose face aux injonctions contradictoires. 1/2
Dans le même temps, voyant dans la situation italienne un éclairage au quotidien sur ce qui nous attend, j’ai suivi de près la réalité des Italiens, puis des Espagnols, qui rendait toujours plus incompréhensibles les (non) décisions de nos gouvernants.
L’Italie et sa semaine d’avance sur nous…
— Eric Maillard (@PRland) March 20, 2020
Pendant ce temps là, on assiste tous encore à de jolis petits rassemblements sous nos fenêtres. Quelle honte. https://t.co/qfKHJPN2Xb
Au fur et à mesure de l’avancée en France, les témoignages humains, incarnés, plus audibles que les (pseudos) experts qui faisaient le tour des plateaux télé ont pris le dessus sur tous les papillons de lumière.
Cette infirmière a réussi à mêler ma colère avec mes larmes. J’espère que tous les parisiens qui ont pris un train lundi écouteront bien jusqu’à la fin pic.twitter.com/HcN8dJwXdl
— Eric Maillard (@PRland) March 19, 2020
Je me suis débattu de façon sans doute totalement improductive devant l’irresponsabilité et l’égoïsme de certains de ceux que je connais de près ou de loin. Je me suis fâché avec des amis qui trouvaient qu’ “on va pas s’empêcher de vivre” ou qui n’avaient pas hésité à sauter dans le premier train pour fuir la capitale et essaimer le virus, j’ai bataillé avec ceux qui jouaient avec les règles du confinement en se trouvant tout à coup une passion pour le sport en extérieur, j’ai arrêté de suivre sur les réseaux sociaux tous ceux qui faisaient n’importe quoi (ça parait une goutte d’eau mais si on faisait tous pareil…). Comme si j’allais avec mon micro porte-voix faire infléchir un seul point de vue. Les témoignages humains qui affluent (oui, même des stars et des influenceurs sont touchés) vont faire leur oeuvre.
J’ai réalisé que mon “engagement” ne servait à rien, à personne. Que ce petit côté donneur de leçon pouvait vite me rendre insupportable, à moi-même en premier lieu. Alors j’ai décidé (hier) de regarder le verre à moitié plein. En m’intéressant à la solidarité et l’engagement de la majorité des Français.
Envie ce soir de retenir les gamins qui se mobilisent gracieusement pour faire les courses des voisins, les restaurants qui nourrissent gratuitement le personnel soignant, l’engagement de bénévoles partout… Pour ne pas se laisser aveugler par les irresponsables minoritaires.
— Eric Maillard (@PRland) March 20, 2020
J’ai aussi décidé d’occuper mon temps devenu très “libre” pour sortir la tête de ce flux continu, de chanter (mes followers sur Instagram n’en peuvent plus), de dire un maximum de conneries, de lancer des chaînes sur Facebook, de m’organiser des séances de sport avec des coachs proposant spontanément des séances gratuites en live…
Je me suis forgé la conviction absolue que la durée de l’impact nous empêcherait de retourner dans le monde d’avant. Et qu’on n’est jamais à l’abri d’un monde meilleur. Qu’on ne me parle pas de naïveté.
Mais la partie émotionnelle de mon cerveau a évidemment percuté chaque mouvement, chaque énervement, chaque information. Sans doute bousculé par une situation personnelle qui me plongeait au plus près du quotidien sur le terrain, malgré l’isolement de mon confinement parisien. Ce qui rend sans doute encore plus insupportable la désinformation ou l’irresponsabilité quand je les vois passer. Je dois donc accepter que mes énervements, quitte à ce qu’ils soient dans le vide, me servent au moins à moi, à ne pas oublier. Pourquoi ne pas partager mes interrogations, ne serait-ce que pour comprendre ?
Je ne connais pas Jean Dominique Michel. Il semble beaucoup plus expert que la plupart d’entre nous pour émettre un avis. J’ai lu tout son (long) papier qui dit en gros : le traitement (simple) existe, des intérêts financiers bloquent sa mise en place 1/2 https://t.co/ZUUzFuh21c
— Eric Maillard (@PRland) March 21, 2020
Après 2 longues semaines de maladie déclarée, mon père est mort ce midi du Covid-19 dans son EHPAD. L’établissement a géré du mieux que possible la situation (malgré les attaques insupportables de la presse). Et je porte ma décision difficile lundi de ne pas prendre le train pour rejoindre ma famille.
Et en attendant mieux, RESTEZ CHEZ VOUS.