Deux livres de Patrick Bouvet

En mai et en novembre 2019, deux livres de Patrick Bouvet ont été publiés, l’un par les éditions de l’Olivier, Le livre du dedans, l’autre par les éditions JOU, Pistes Vol.1.

Le second contient des textes déjà publiés entre 2001 et 2006 par les éditions Inventaire/invention. Ils en sont la plus grande partie. Ce livre est donc le plus ancien. Et c’est par celui-là que j’ai commencé. Je n’avais jamais lu les textes de cet auteur ou alors trop rapidement. Cette fois, je m’y suis un peu arrêté. Chaque partie forme une unité : un récit, un thème. Ainsi Corps migrant montre - puisque cela se voit sur la page - ce que produit chez les gens le fait d’avoir quitté un pays et d’arriver on ne sait où, le corps éparpillé, perdus dans une ville. Cloacanar est un regard critique et non dénué d’humour sur l’art contemporain. Les autres textes, les plus anciens, révèlent le mécanisme de l’écriture de Patrick Bouvet : il écrit, il déplace les mots les faisant résonner les uns avec les autres, frotter les uns contre les autres, en provoquant des articulations nouvelles, des images nouvelles. D’une partie à une autre, on trouve des résonances : « j’étais au bout du rouleau », peut-on lire dans Cloacanar et dans Client zéro, par exemple. Quelquefois un mot inventé : « suspectateur ». Ce sont souvent des corps exposés comme des faits bruts. Pas d’interprétation sinon  dans la lecture de chacun.

Le livre publié aux éditions de l’Olivier, que j’ai lu ensuite, donne des clés pour aborder l’écriture de Patrick Bouvet. C’est comme un long film racontant l’éveil d’un enfant à la lecture, allongé la tête sur un chien (« ils savent / l’un et l’autre / qu’ils sont liés / pour toujours »), et les mots du livre comme ligne d’horizon. Peu à peu, ce seront les mots du journal du père, du livre de la mère, de la revue du grand frère. Accumulant en lui, au dedans, toutes ces bribes d’histoire, ces « fantasmagories », qu’il fait siennes, qu’elles viennent du poème que forme la liste des chevaux au départ de la course du tiercé ou de tout ce que les livres et les journaux laissent entrevoir de ce qu’on ne connaît pas encore jusqu’à ce qu’un jour, le livre du dedans devienne le livre du dehors. 

Et on attend alors le Vol.2 de Pistes…